Projection de presse au « Rio » du film : « Une histoire d’amour et de désir » (Mejnoun Farah) de Leyla Bouzid

De l’amour passion, à l’amour frustrant

Projection de presse au « Rio » du film : « Une histoire d’amour et de désir » (Mejnoun Farah) de Leyla Bouzid

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De l’amour passion, à l’amour frustrant

Le second long-métrage de Leyla Bouzid : « Une histoire d’amour et de désir » (Mejnoun Farah) qui sort sur nos écrans aujourd’hui 29 septembre, a été projeté le 28 septembre à la salle « Le Rio » dans une projection réservée à la presse, en présence de la réalisatrice et de l’actrice Zbeida Belhaj Amor.

Après sa sortie française le 1er de ce même mois, sa sélection et sa projection en clôture de la Semaine de la Critique au festival de Cannes en juillet dernier et sa récente sélection en compétition officielle aux prochaines Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2021), ce film marque le redémarrage des activités culturelles sous nos cieux, après la trêve obligée et dictée par la pandémie du Covid-19.

Dans ce film, Leyla Bouzid continue d’explorer l’univers de la jeunesse, après l’avoir entamé dans son premier long-métrage : « A peine j’ouvre les yeux », sorti en 2015 et qui est un hymne à la liberté et à la jeunesse tunisienne. Mais dans cette « Histoire d’amour et de désir », nous sommes au cœur des sentiments amoureux de deux jeunes étudiants à Paris : ceux d’Ahmed, un jeune français d’origine algérienne et ceux de Farah, une jeune tunisienne fraichement débarquée de Tunisie pour étudier en France.

Leila Bouzid a voulu aller au-delà d’une narration conventionnelle d’une histoire ordinaire. Si bien qu’elle essaye de rapporter au mieux le blocage intérieur que vit et combat Ahmed, rôle savamment servi par Sami Outalbali qui, dans la vie, est né et réside à Paris. Il ne peut pas aller avec Farah jusqu’au bout de sa passion, de son amour fou pour elle. Il est le « Mejnoun de Farah », à l’instar de « Mejnoun Leila » des temps arabes anciens. Une frustration que nous rapporte fidèlement la caméra de Leyla Bouzid avec des plans intérieurs rapprochés et extérieurs où elle filme avec une caméra portée.

La réalisatrice a su garder un rythme quelque peu lourd dans une atmosphère presque insupportable durant la totalité du film, car l’histoire est bouleversante. L’histoire d’un amour impossible et plus encore. Car, ici, les deux tourtereaux ne sont pas loin l’un de l’autre. Ils se rencontrent, s’aiment et feignent concrétiser leur désir. Ils sont aux antipodes de leur amour parfait. Farah est insouciante et voudrait vivre pleinement son amour pour Ahmed.

Ce dernier se retrouve toujours face aux répercussions néfastes d’une éducation familiale rigoureuse qui l’oblige à s’arrêter en si bon chemin. Et même en solitaire, sa frustration s’accroit.

Le film fait un parallélisme entre l’évocation de l’amour et du désir dans la poésie arabe ancienne que les deux personnages apprennent à l’université et leur histoire d’amour incompatible avec la beauté des mots, l’évocation de l’amour et de sa concrétisation dans la réalité d’aujourd’hui.

Un film qui nous laisse sur notre faim, mais qui suscite, en filigrane, un débat sur l’amour et le désir chez les sociétés arabo-musulmanes.


B.L.