
Pour une fois, le cinéma sera Í l’honneur cette année au festival international de Carthage.
Pour l’ouverture de sa 46e édition, on déroulera le 8 juillet le grand écran pour une première mondiale du dernier film d’Abdellatif Ben Ammar « Les Palmiers blessés ».
Du cinoche pour ouvrir Carthage, c’est une première dans les annales de ce festival Í tendance musicale. Mais c’est bel
et bien l’occasion de le faire, surtout que l’année 2010 a été proclamée l’année du cinéma.
« Les Palmiers blessés » est le 5e long métrage dans le parcours de Abdellatif Ben Ammar, c’est une quête initiatique d’une jeune d’aujourd’hui qui part vers l’inconnu Í la découverte d’un passé sombre et douloureux. Avec Leila Ouaz, Neji Nejah, Jawhar Basti, Hassen Kachache et Rym Takoucht.
Bizerte, hiver 1991. La première guerre d’Irak se prépare dans la tension internationale. Un écrivain tunisien confie la
dactylographie d’un manuscrit autobiographique Í une jeune Í la recherche d’un emploi. A la faveur du contenu du livre, la jeune secrétaire ressent le besoin de plonger encore plus dans les évènements de la guerre de Bizerte, d’autant plus que son père, patriote volontaire, y a perdu la vie. Elle découvrira…
Au gré des rencontres, Chama fera la connaissance des vieux militants et camarades de son père, témoins aigris par le temps, las de taire la vérité sur les évènements enfouis dans leur mémoire. Elle se liera aussi d’amitié avec le mari de son amie Nabila, Noureddine, un musicien algérien désabusé et lucide Í la fois, qui a décidé de se réfugier en Tunisie.
A travers la dactylographie du manuscrit du vieux romancier, elle découvre petit Í petit comment des « intellectuels » sans scrupules peuvent falsifier l’Histoire Í des fins de pouvoir et d’honneurs immérités. Mais est-il suffisant de découvrir la vérité ? Au risque de bousculer l’ordre des choses et d’enfreindre les tabous, la jeune femme dénonce la forfaiture et impose finalement une version de l’histoire plus proche de la vérité.
Ce film raconte la quête initiatique de Chama, jeune femme tunisienne d’aujourd’hui qui, comme les jeunes de sa génération, manque de repères et de référents Í force d’avoir minimisé l’importance de l’Histoire. Campée par Leila Ouaz, une véritable révélation, Chama symbolise cette quête simple, nécessaire et courageuse de vérité.
En opposition avec la malhonnêteté et le manque de courage de certains historiens qui déforment la réalité des faits Í des fins personnelles, le film met au grand jour l’héroͯsme ordinaire et simple d’une jeune femme qui tentera par tous les moyens de savoir d’o͹ elle vient pour mieux se projeter dans l’avenir.
« Les Palmiers blessés » trouvera donc ses tonalités dans le paysage venteux et froid de la ville de Bizerte o͹ la mer dicte sa palette de couleurs Í une ville qui garde encore les traces des guerres passées. La jetée de Bizerte et sa longue promenade le long de la mer, son architecture qui allie les deux rives de la Méditerranée, le froid de l’hiver et la nature environnante seront l’écrin de ce solitaire et douloureux parcours initiatique. La musique chargée d’émotion se fera l’écho de la tristesse de l’exil, celui de Nourredine, musicien algérien exilé, celui de Chama exilée de son passé…
Des cadrages larges et fixes pour établir la distance et amplifier la solitude des personnages. De gros plans en mouvement et fureteurs des regards apeurés pour saisir la violente tendresse des innocents en quête du bonheur simple et de la vérité. Une voix off pour appuyer les émotions retenues. En contrepoint, les images d’archives, froides, hatives et saccadées, montrant la violence des guerres dévastatrices.
ASMA D.