Interview avec Salma Hayek

« Salma ya Salama ». C’est ainsi, en chanson, que j’avais été accueilli la première fois o͹ j’ai eu le plaisir de rencontrer Salma Hayek

Interview avec Salma Hayek

« Salma ya Salama ». C’est ainsi, en chanson, que j’avais été accueilli la première fois o͹ j’ai eu le plaisir de rencontrer Salma Hayek. Femme de caractère, réputée tenace, Salma a toujours assumé ses origines libanaises. Surnommée la star la plus exotique d’Hollywood, l’actrice mexicaine est la preuve qu’on peut réussir dans cette ville tout en gardant son accent. Evidemment, nombreuses sont celles qui ont suivi sa voie, Í  commencer par sa meilleure amie Penelope Cruz. Salma Hayek, qui célèbre ses 25 ans de carrière, dont 18 ans Í  Hollywood, revient sur les écrans dans SAVAGES, le nouveau film d’Oliver Stone. A 46 ans, l’actrice est au top de sa forme, et interprète une baronne de la drogue qui dirige son gang mexicain d’une main de fer. Un rÍ´le sur mesure pour cette actrice qui travaille toujours autant, même si elle passe une bonne partie de l’année Í  Paris, avec son mari, l’homme d’affaires François-Henri Pinault, et leur fille Valentina Paloma, 5 ans.

R.M. : Comment as-tu créé ce personnage de baronne de la drogue ?

S.H. : J’ai pris pas mal de décisions personnelles sur son apparence. Oliver Stone m’a d’ailleurs posé beaucoup de questions sur mes choix avant de me faire confiance. Je voulais un personnage basé sur des femmes fortes et puissantes, dont certaines que j’ai rencontré dans ma vie. Pas forcément des actrices ! ELENA devait être très forte pour appartenir Í  ce monde-lÍ , et ce genre de femmes se construisent une carapace. Tu as du remarqué que je ne change pas de coiffure ou de collier tout le long du film. Beaucoup de femmes se créent une image, comme ces femmes que l’on voit assises au 1er rang pendant les défilés de mode. Chacune Í  sa griffe que l’on reconnaÍ®t. J’ai donc énormément travaillé avec le décorateur et les costumiers pour créer ce personnage.

R.M. : j’ai trouvé ce personnage très paradoxal

S.H. : Oui, c’est le mélange de sa vulnérabilité et de sa force, car c’est une mère qui est prête Í  tout, y compris Í  se sacrifier pour ses enfants. Si elle n’était pas devenue ainsi, ils n’auraient pas pu survivre. Pour elle, elle voit tous ces crimes comme une preuve d’amour. Elle n’a jamais fait cela pour l’argent. Elle a du prendre la relève de son mari. Elle était déjÍ  dans cette situation. C’était sa seule façon de survivre. Reprendre les affaires de la famille, même s’il s’agit de trafic de drogue.

R.M. : Justement, comment tu vois la situation actuelle au Mexique ?

S. H. : ça me brise le cœur. Il est important que ce film montre Í  quel point le trafic de drogues et la violence sont liés aux Etats-Unis. On a tendance Í  y voir un problème uniquement mexicain, mais il n’y a pas que mon pays. On nous parle des problèmes du Moyen-Orient, qui, géographiquement est loin de nous, mais il suffit de jeter un coup d’œil dans notre région. Les armes utilisées au Mexique viennent tout droit des Etats-Unis. Il est très important de parler de ce sujet et c’est exactement ce qu’a fait Oliver Stone dans ce film.

R.M : Comment est ce que tu arrives Í  rester connectée Í  la réalité ? Après tout, tu fais partie des 4% qui vivent une vie de rêve. Tu voyages en jet privé et fait ton shopping chez Gucci…

S.H : pas forcément ! J’arrive de Boston et j’ai pris une compagnie aérienne normale. (Rires). J’habite Í  Paris. J’ai une femme de ménage qui fait tout ce qu’elle peut. Elle part Í  17h, et je prends la relève pour préparer le diner et tout le reste. C’est très bien, c’est ça la famille. Bien sÍ»r, je me sens privilégiée de différentes façons, mais ce dont je suis la plus fière, ce n’est pas de vivre comme les 4%, mais comme les 1% qui ont réussi leur mariage ! Il n’y a que 1% des gens dans le monde qui a un mariage intact ! Je suis en bonne santé, je vieillis, mais pas si mal que cela. Ma fille est fantastique et c’est ça qui me rend heureuse. VoilÍ  ce qui compte vraiment et qui me permet de garder les pieds sur terre.

R.M. : Tu fais les courses aussi ?

S.H. : Tu rigoles ? J’adore faire les courses ! J’adore allé au marché. Je ne le fais pas en me disant « Oh, je vais rester simple et aller au marché », non, j’adore vraiment cela. Je vais Í  la boulangerie, dans les supérettes…

R.M. : Tu prends le métro ?

S.H. : Avec mes valises ? Non ! (Rires). J’ai un chauffeur. Mais tu connais Paris. Il n’est jamais évident de trouver un taxi

R.M. : allez, on continue. Shopping ?

S.H. : Non, je ne suis pas accro au shopping. Mais j’aime être organisée, je m’occupe des plannings des autres et du mien. J’aime aussi faire la cuisine. Et surtout, j’essaie de rester le plus possible avec ma fille. Je suis une bonne mère mexicaine ! Je vais la chercher, je l’emmène Í  l’école, je fais des activités avec elle, avec ses amis, avec les cousins. Les repas se font en famille et quand tout le monde est couché, c’est lÍ  que je commence Í  travailler sur mes projets. C’est le soir Í  Paris et le matin, ici, Í  Los Angeles. Je m’occupe d’une société de produits de beauté et d’une compagnie de production. Je travaille tard. Je me réveille tÍ´t mais mon mari est déjÍ  parti travailler.

R.M. : quoi d’autre « Tu fais quoi quand tu n’es pas actrice ?

S.H. : Je suis une très bonne manager, je gère très bien les situations de crise même Í  distance. J’aime m’occuper de la maison, qu’elle soit confortable et qu’on s’y sente bien, élégante et pleine de couleurs. En réalité, mon mari est meilleur que moi pour ça, donc on fait ça ensemble. Nous n’avons pas de décorateurs, mais on n’a pas de conflits lÍ -dessus. J’entends souvent que re-décorer la maison pouvait être une cause de divorce. Moi, je n’ai aucun problème. Je sais qu’il a plus de style que moi.

R.M. : Tu as un secret de beauté ?

S.H. : J’utilise mes crèmes !

R.M. : Tu prends des vacances en hiver ?

S. H. : Jamais ! Il va falloir m’y mettre, je suis la seule qui n’ai jamais fait ça.

R.M. : Tu ne vieillis pas, tu es toujours magnifique…

S.H. : Pour moi aussi, c’est frustrant ! (rires…)

R.M. : Qu’est-ce que tu aimes Í  Paris ?

S.H. : L’architecture. La cuisine et la musique.