
Aux antipodes de la civilisation moderne
Une fort belle exposition de photos de la Tunisie d’hier et d’aujourd’hui sous l’intitulé de: “Photos de voyage/Jadis et maintenant” se tient actuellement Í la galerie Chérif Fine Art, Í Sidi Bou Saͯd célébrant le centenaire du voyage en Tunisie en avril 1914 des artistes Paul Klee (1879-1940), August Macke, (1887-1914) et Louis Moilliet, (1880-1962.)
Cette exposition est organisée par le Goethe Institut Í Tunis et les ambassades de Suisse et d’Allemagne en Tunisie. Elle ne présente pas des aspects de l’oeuvre de ces trois plasticiens. Cela aurait constitué un autre événement. Elle donne plutÍ´t Í voir des photos prises par August Macke et datant de cent ans qui sont exposées Í cÍ´té d’autres réalisées en 2014 par le photographe allemand Florian Schreider entre le 17 et le 28 mars 2014 et tunisien Wassim Ghozlani entre septembre 2010 et décembre 2012. Des visions croisées de photographes de l’extérieur et de l’intérieur de la Tunisie. Et dans les deux cas, c’est le témoignage vivant que dégaége l’oeil du photographe sur la terre de Tunisie.
Les photographes d’aujourd’hui sont d’ailleurs revenus sur les traces du voyage historique des trois célèbres artistes peintres. Les lieux sont restés parfois les mêmes et n’ont point changé. D’autres ont connu des transformations, un siècle après. Le visiteur effectue ainsi un autre voyage entre l’hier et l’aujourd’hui de la Tunisie. Les détails d’un célèbre voyage sont ainsi présentés et révélés. Paul Klee avait ainsi noté dans son journal lors de son séjour tunisien et Í Kairouan, plus exactement: “ la couleur me possède…Je suis peintre.” C’était la révélation de la couleur pour lui. Louis Moilliet a été influencé, quant Í lui, par le paysage méditerranéen. Pour Wassim Ghozlani, dont les photos sont présentées comme étant des cartes postales, nous prend au dépourvu.
Car il s’agit plutÍ´t de celles du quotidien plutÍ´t pas beau Í voir de la Tunisie d’aujourd’hui. Témoin de son temps, comme chaque artiste qui se respecte, ses cartes postales sont choquantes et traduisent la réalité d’un pays qui vit aux antipodes de la civilisation moderne. Du surréalisme qu’on observe au concret et Í l’œil nu. Pas besoin d’imaginer. La réalité est béante et frappante ! Florian Schreiber, pour sa part, n’échappe pas également Í cette règle. Il saisit l’instantané et insiste sur les différences énormes qui se rencontrent sur un même lieu ! Une exposition Í voir absolument.
B.L.