
Etoile montante de la décoration française, Charlotte Biltgen donne un nouveau visage au célèbre club de sport parisien le Klay, en rénovant totalement la magnifique terrasse couverte et le restaurant désormais baptisé “Sinople” *. Pour son premier projet indépendant, l’ancienne directrice artistique d’India Madhavi, signe une architecture intérieure sur mesure o͹ le marbre, le laiton et le velours frappé sont les balises nécessaires d’un luxe qui ne tombe jamais dans l’ostentation. Un jeu d’équilibre gracieux entre chic parisien et douceur tropicale. Le batiment industriel du Klay pensé pour transpirer s’enrichit soudain d’un restaurant en forme de repos du guerrier, féminin et frais comme une carresse.
Avec ses tabourets, fauteuils, tables et sofas dessinés sur-mesure, la salle de restaurant est pensée comme un lobby d’hÍ´tel “Ce lieu est un vrai lieu de passage vivant. On y mange bien sÍ»r, mais on y donne aussi ses rendez-vous, on boit un café avec un journal le matin et un cocktail le soir, je souhaitais épouser cette réalité plus proche du lobby d’hÍ´tel que du restaurant sur réservation” résume Charlotte Bilgen. Un lobby grand style donc, tapissé de marbre avec son comptoir de noyer réhaussé de laiton et son lustre dessiné lui aussi spécialement. Une élégance typiquement française, un luxe minimal, pur et soyeux sans surcharge décorative qui réussit Í donner d’un trait l’univers haut de gamme d’un lieu grace au choix parfait des matériaux.
Dehors, la terrasse couverte devient jardin d’hiver avec une légère brise tropicale. Sur les tables la marqueterie graphique de formica contraste avec les assises en raphia et métal par l’éditeur italien Casamania. Nous sommes quelque part en Amérique du Sud dans les années 50, Esquivel le compositeur mexicain des musiques du tout Hollywood donne une fête dans un instant, c’est presque l’apéritif, les invités vont arriver… Et en 2014, Charlotte Biltgen vient de glisser une gaine végétale, gaie et luxuriante dans un batiment type Eiffel du centre de Paris, décidément capitale du style et du bien vivre n’en déplaise Í beaucoup.
Architecte d’intérieur et designer, Charlotte Biltgen collabore avec Sylvain Dubuisson Í sa sortie de l’école Camondo en 1998 avant d’intégrer l’agence d’India Madhavi, dont elle devient directrice artistique en 2009. Résolument inscrite dans la pure tradition des grands ensembliers français, Charlotte Biltgen dessine pour un contexte, réinvente un décor par projet avec le sur-mesure comme seul fil rouge sans imposer un vocabulaire plastique récurrent. Aujourd’hui une terrasse féminine et tropicale pour rehausser le batiment industriel du Klay, demain un nid de bois brut et de raku pour la nouvelle adresse de Jean-François Piège, après demain un appartement de 400m2 dans le 7ème arrondissement Í Paris, Charlotte Biltgen manipule Í merveille les codes du luxe contemporain. Capable de penser décor et détail dans un même mouvement, elle dessine assises et accessoires comme on photographie mentalement une ambiance qui n’existe pas encore, avec un souci doucement maniaque du bon matériau, de la parfaite finition. Le paradoxe d’une jeune signature, encore inconnue du grand public, mais Í la redoutable expérience des projets et clients très ambitieux.
La carte du Sinople . Avec une carte courte et équilibrée, alliant plaisir et inventivité, misant sur les produits de saison, le chef Rémi Poulain, créatif et talentueux, vise l’excellence d’une cuisine aux saveurs travaillées destinée aux épicuriens, qui souhaitent garder la ligne tout en appréciant le goÍ»t des bonnes choses. Le chef collabore avec les meilleurs fournisseurs : Odyssée bleue (poisson) Metzger (viande) et Terroirs d’Avenir (légumes). Sinople propose également une carte Club, réservée aux membres du Klay, diététique et néanmoins gourmande, riche en protéines et sucres lents pour les sportifs.
*« En cherchant l’étymologie de la rue Saint-Sauveur, j’ai découvert un village nommé Saint-Sauveur (en Haute- Garonne), et son blason sinople qui désigne la couleur rouge jusqu’au XIV° siècle, puis change de sens sans explication précise. Il est alors utilisé pour désigner le vert», explique Franck Bonarel, le directeur d’exploitation du Klay.
Crédit photo terrasse et bar Felipe Ribon
Crédit portrait Justin Creedy Smith