
« Jetset-Magazine » au Festival international du film francophone de Namur
« Ala hallet inaya » (A peine j’ouvre les yeux) de Leͯla Bouzid
Des vérités qui dérangent
Le premier long-métrage de la réalisatrice tunisienne Leͯla Bouzid a été projeté au 30è festival international du film francophone de Namur (Communauté française de Belgique), dans le cadre de la compétition internationale réservée aux premières œuvres. Un film coup de poing, bien que tuant de lourdeur.
Il met Í nu la Tunisie pré-révolution qui a vécu dans une atmosphère bouillonnante, particulièrement un mois et demie avant l’éclatement de cette révolution. Tout cela est raconté Í travers le quotidien de Farah, une jeune fille de dix- huit ans affranchie aux idéaux révolutionnaires. Elle se retrouve, en effet, en conflit avec sa famille et particulièrement avec Hayet, sa mère qui ne voit pas d’un bon œil le comportement de sa fille. Cette dernière réussit son bac, tout en faisant partie d’un groupe de jeunes musiciens underground en rencontrant de plus en plus de succès. De plus, les études de médecine dont ses parents rêvent, ne l’intéressent pas autant que le chant. Les spectacles se suivent, mais sont un jour interrompus et annulés par l’intervention de la police. Celle-ci guette déjÍ la vie de ce groupe. L’un des membres de cette formation musicale s’est avéré un indicateur.
Farah va être retenue par les flics pour être ensuite libérée, grace Í l’intervention d’un ami Í sa mère. Le film raconte la Tunisie sous Ben Ali, avec le plein pouvoir dont bénéficiait la police. Sur un rythme trop lourd, une lenteur persistante dans la narration avec des mots de tous les jours, des mots crus pour rester fidèle Í la réalité du quotidien tunisien, le film parle de problèmes qui rongeaient le pays. Il était d’ailleurs impossible de les évoquer avant la révolution. Le prénom de Farah est-il annonciateur de l’optimisme, malgré la douleur ? Celui de Hayet, qui signifie la vie, symbolise-t-il la vie ? La vraie vie ? Les paroles des chansons, qui sortent de l’ordinaire, sont mi- tristes, mi- ironiques. Elles en disent long sur le quotidien morose vécu par les Tunisiens et particulièrement les jeunes parmi eux.
Et c’est peut-être cette jeunesse que la réalisatrice Leͯla Bouzid voudrait mettre en évidence. Car la révolution a été initiée et préparé par les jeunes générations de la Tunisie.
B.L.