
Histoire d’une passion
Le nouveau court-métrage du réalisateur tunisien Jalel Bessaad est un documentaire de 26 minutes intitulé : « Ana Al Asfour ». Cela donne comme titre en français : « Souviens-toi du vol ». Et entre souvenirs d’enfance, réalités socio-politiques de la Tunisie d’aujourd’hui et clins d’œil Í la liberté, tout court, le film nous y renvoie.
Ce film, qui a été projeté le vendredi 9 mars 2012, Í la salle du « Mondial », a été suivi par une poignée de spectateurs. Les absents avaient certainement tort, car ils avaient raté de voir une œuvre singulière et originale qui évoque la passion des oiseaux chez quelques hommes comme « rescapés » de ce que furent tous ces gens qui cultivaient ce hobby et cette folle passion pour leurs « amis » les oiseaux. Le réalisateur Jalel Bessaad ne fait pas dans le banal, ni dans l’habituel reportage télévisé, par exemple. Il vient nous raconter l’histoire d’une passion pour les oiseaux chez des gens simples habitant des quartiers populaires de Tunis. Chacun y parle d’une relation devenue plus qu’amicale entre lui et l’oiseau de type : « Moknine », « Kanalou »… Am El Moncef, y raconte qu’il n’ avait pas pu effectuer le rituel de la « Omra », l’année dernière, car il n’avait personne pour s’occuper de sa famille…d’oiseaux ! Qu’il considère comme ses propres enfants, n’ayant pu enfanter. Un autre « gars » avoue connaÍ®tre l’esprit et le langage de son oiseau ; si bien que ce dernier lui obéit, quitte sa cage et y revient ! Contre toute attente ! Un oiseau bien éduqué Í la vie des humains. Le réalisateur revient, au début de son film Í son enfance, en nous fournissant des images en noir et blanc et chemin faisant, on atteint l’aujourd’hui, pour plonger dans un univers inattendu qu’on croyait révolu. L’homme y devient-il l’oiseau et vice-versa ? Car chacun est épris de liberté. La cage est, en quelque sorte, la maison de l’oiseau. Mais quelle que soit la nourriture qu’on lui offre, rien ne remplacera pour lui sa liberté. Le film tourne alors vers la question de l’acquisition du peuple tunisien de sa liberté après la révolution du 14 janvier 2011. Le rapprochement devient-il légitime ? On y frÍ´le la déviation du propos, mais quand il s’agit d’un oiseau libre, tout devient permis.
B.L.