« Chroniques de la révolution » d’Habib Mestiri

Les enfants et les adultes sont les héros du long-métrage documentaire : « Chroniques de la révolution », second long-métrage documentaire du r�

« Chroniques de la révolution » d’Habib Mestiri

Un autre son de cloche
Les enfants et les adultes sont les héros du long-métrage documentaire : « Chroniques de la révolution », second long-métrage documentaire du réalisateur tunisien Habib Mestiri. Une coproduction tuniso-française due Í  « Ciné 7ème Art » de Lassaad Goubantini et « Deep Vision » d’Alain Souffi, un producteur français d’origine tunisienne.

Ce film, sorti sur nos écrans le 14 janvier 2012, jour du premier anniversaire de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011, est une évocation et un flash-back. « Une histoire de vieux, racontée par des jeunes », tel que le souligne le titre entier du film. L’originalité de ce dernier réside dans le fait qu’il fait parler particulièrement des enfants qui ont échangé des séquences vidéo sur le réseau social « Facebook », ou choisies pendant les jours fatidiques qui avaient précédé la révolution. Ces jeunes enfants sont issus de milieux différents et de différentes régions de la Tunisie. Ils se sont même « amusés » Í  réaliser des court-métrages amateurs, o͹ ils reprennent, en toute innocence, ce qu’ils avaient vécu, ou entendu parler. Leurs regards s’y croisent et croisent encore ceux des adultes, notamment, qui ont survécu aux batailles mortelles qu’ils avaient vécues sur place. Cela s’était passé près de chez eux ; Í  Sidi Bouzid, Menzel Bouzaiane, Kasserine, Thala, Gafsa et jusqu’aux banlieues populaires de Tunis (Kram-Ouest) et le centre de la capitale. Ces villes, ces villages et ces quartiers, sont devenus aujourd’hui le symbole du soulèvement populaire : celui du peuple tunisien contre la dictature et la tyrannie de Ben Ali et de ses acolytes, durant vingt trois ans de règne absolu ! Les « Chroniques de la révolution » contiennent aussi le récit émouvant des adultes : des jeunes et des moins jeunes qui y parlent un discours franc, sans fards et tout Í  fait Í  l’opposé de celui officiel. Ils évoquent (la parole est devenue libre) et en même temps, le futur de la maison Tunisie, tel qu’ils l’imaginent. Ce dernier n’est pas aussi beau qu’on pourrait le croire. Les discours galvaudés et enrobés de chocolat, n’y ont plus leur place. ! A ces témoignages du coeur, s’ajoutent ceux d’artistes tunisiens internationaux, voire planétaires, que le réalisateur est allé interviewer Í  Paris. Profondément attachés Í  une Tunisie cosmopolite, ces artistes du cinéma, de la scène, ces dessinateurs humoristiques et autres philosophes, qu’on ne présentent plus, se nomment : Claudia Cardinale, Georges Wolinski, Françoise Gallo, Michel Boujenah, Georges Memmi, le philosophe et son frère Albert Memmi, l’un des plus grands auteurs du vingtième siècle. Leurs témoignages se rapprochent, ou se trouvent aussi aux antipodes. Et c’est cela qui fait la beauté du film. On s’y attache, durant une heure vingt minutes Í  des images de notre révolution, prises sur le vif, aux risques et périls qu’elles pouvaient entrainer Í  leurs auteurs. Un film Í  voir absolument, car on y entend d’autres sons de cloche.

B.L.