
Dérapage sur fond de révolution
Une bataille du verbe et du corps a lieu sur une scène presque nue et sous une lumière parfois tamisée, parfois en demi-teinte et Í plein feu. Deux personnages s’y affrontent. Un homme et une femme. Ils sont jeunes et en ont ras-le bol des effets secondaires de la révolution du 14 janvier 2011. Ils en sont presque devenus hypersensibles Í cet état de fait. L’ « Infilète », le dérapage, en l’occurrence, est partout : dans la rue, chez eux et dans leur tête. Ils n’ont pas, en effet, la même conception de ce qu’il en est, de ce qu’il faudrait faire, au plus vite. Bref, de l’évaluation de la situation engendrée par la révolution. Faudrait-il rester avec une peur mortelle, ou quitter les lieux ? Ils anticipent, pour cela et s’affrontent. Leur amour, l’un pour l’autre intervient, revient, comme en filigrane. Et c’est Í un exercice de style qu’ils s’adonnent, enfin, tout en échangeant les rÍ´les. Leur performance artistique est omniprésente. La mise en scène et la dramaturgie de Walid Daghsni a tenu compte des situations changeantes et subites, de cet affront. Les thèmes et les problèmes s’y entassent. Mais tout se passe rapidement et en toute légèreté ; simplement parce qu’on y fait appel au langage du corps, Í la musique, Í la danse, tout en usant d’un verbe qui va droit au but, o͹ le symbolisme y est de rigueur.
B.L.