
Chefs-d’œuvres sous la pluie !
Si les premiers jours, il faisait beau Í Cannes, les films étaient tout simplement mauvais. Et depuis hier, le temps s’est gaté, car la pluie et le vent venaient s’annoncer et gacher un peu les atmosphères des festivaliers. Mais surprise, les films devenaient de plus en plus beaux et susceptibles d’être revus !
Le suspens semble vouloir se dissiper, pour annoncer plutÍ´t l’arrivée de belles œuvres. Et il y’en a eu tant ! Le plus beau film jusqu’Í ce jour reste « Youth » (La jeunesse) de Paolo Sorrentino, une coproduction entre la Grande-Bretagne, l’Italie et la Suisse. Interprété par : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Jane Fonda et bien d’autres comédiens, ce film est une réflexion funèbre sur la vanité et la création, mais aussi sur le temps qui passe. Les personnages principaux du film sont de vieux retraités qui s’accrochent encore Í la vie et Í la création. C’est la rencontre dans un bel hÍ´tel aux pieds des alpes entre un ancien chef d’orchestre qui ne veut plus revenir Í la musique et d’un réalisateur qui travaille toujours sur le scénario de son dernier film. C’est le « jeunisme Í tout prix » o͹ les fantasmes les plus fous sont vécus aussi bien par les personnes agées que celles encore jeunes.
Les clins d’œil aux Miss Univers et autres parodies de Maradona en cure de rééducation, de Hitler, devenu presque silencieux et aux clips des chanteuses en vogue, donnent au film un aspect loufoque, tout en portant beaucoup d’humour froid. Mais c’est surtout la musique qui triomphera Í la fin du film, o͹ l’œuvre du vieux compositeur et chef d’orchestre est enfin rejouée avec la voix d’une nouvelle soliste qui remplacera celle de l’épouse du maestro, car elle ne peut plus chanter. Ce chef d’orchestre dirigera les musiciens. L’œuvre est le générique-fin du film qu’on suit Í terme et qu’on a envie de revoir ! Un autre film, chinois celui-lÍ est intitulé : « Mountains may depart » du réalisateur Jia Zhang-Ke, est un film frais, vivant, comique, par moments et dont les faits se déroulent en Chine entre 1999 et aujourd’hui.
C’est l’histoire d’une jeune fille courtisée par deux amis d’enfance. Une réflexion, encore une autre, sur le présent et l’avenir prometteur d’un pays. L’ouverture sur l’Australie, est une promesse d’une vie meilleure avec des chinois qui parlent désormais en anglais, en Australie ! Quant au film taiwanais « The Assassin » de Hou Hsiao Hsien, il est coproduit avec la Chine, Hong-Kong et la France. L’histoire se passe au neuvième siècle de notre ère. Certes, l’image est d’une beauté saisissante, ajoutée Í celle des lieux en extérieur en pleine nature, ou Í l’intérieur dans des habitations typiques qui donnent envie d’aller en Chine ! La narration contient peu de dialogues et les plans sont de véritables leçons de cinéma. Beau film, certes, mais qui ne semble pas avoir un prolongement dans la réalité d’aujourd’hui. D’ailleurs, plusieurs films de la compétition officielle Í Cannes, cette année, sont revenues au cinéma de papa, comme pour affirmer, peut-être que le rêve est toujours permis par écran interposé.
B.L.