
La réalité est bien en face
Il fait froid et il pleut Í Namur depuis deux jours et durant la 29è édition du festival international du film francophone (3-10 octobre.) L’ambiance est festive tout de même et particulièrement le soir lors des soirées sous le chapiteau du festival.
Et étrangement, le temps gris se fait accompagner par des films un peu trop tristes qui sont parfois fantastiques et d’horreur, chose qu’on a rarement vue lors des précédentes éditions du plus grand festival du film francophone Í travers le monde. Certes, les films sélectionnés dans les deux compétitions officielle et de la première œuvre ne racontent pas d’histoires, mais parlent de la réalité d’aujourd’hui dans les pays du nord et du sud.
« Tambouctou », le long-métrage du mauritanien Abderrahmane Sissako n’est pas seulement dans le vif du sujet des djihadistes, autant qu’il annonce la recrudescence de leurs actes qui troublent déjÍ l’ordre et la sécurité du monde. Un film fort et poignant Í en pleurer. Il montre Í quel point peut arriver l’obstination d’un groupuscule de fanatiques armés de l’application de la loi islamique dans un village du Mali. L’histoire est tirée d’un fait divers réel et pourrait s’appliquer aux atrocités que le monde arabe vit aujourd’hui Í cause de ces hommes qui se sont autoproclamés hors-la loi, imaginant qu’ils seraient les maÍ®tres du monde. Ils sèmeront la terreur et la mort dans ce paisible village, après avoir appliqué la Chariaa sur ses habitants. Car il est désormais interdit de fumer des cigarettes, de chanter ou de jouer de la musique, comme il est interdit aux femmes de garder leurs têtes nues.
Et pour revenir au fantastique et Í l’horreur, un court et un long métrage belges ont fait sensation hier soir lors de la soirée de la Fédération Wallonie Bruxelles. « Babysitting story » de Vincent Smitz est un court-métrage de vingt minutes o͹ l’on est replongé dans l’univers des vampires. Une étrange histoire racontée avec subtilité. On se demande Í la fin si le bébé Í garder ne serait pas lui-même un vampire ! La peur bleue est ainsi assurée pour les ames sensibles.
Quant au long-métrage : « Alleluia » de Fabrice du Welz, il narre en quatre actes l’histoire d’un amour fou et possessif d’une femme pour un homme. Tous deux vont se supporter et la bonne dame va tuer toutes les femmes qu’essayera d’aimer son partenaire. L’horreur est au rendez-vous avec des cadavres coupés et ensevelis. Le crime y est toujours parfait. Et faut-il noter un détail, celui relatif Í cette femme dont le métier consiste Í laver les morts dans une morgue ! Le rapprochement entre son quotidien et sa vie passionnelle est flagrant et tourne au drame. Le film se laisse regarder, mais reste invraisemblable, Í la limite.
B.L.