
La galerie d’art et d’essai « Le Damier », Í Mutuelleville, accueille la nouvelle exposition de l’artiste plasticien Sylvain Montéléone sous l’intitulé de : « Kiosque indoor ». Des affiches de films célèbres, s’y transforment, en effet, en d’autres œuvres d’art…Et toujours. Ces dernières nous interpellent, allègrement, pour y lire et grace aux travaux de collage entrepris par l’artiste, l’actualité brÍ»lante et les « sombres jours », comme le dit l’artiste, vécus par la Tunisie, depuis la révolution du 14 janvier 2011. La fiction devient comme réelle, dépasse son temps, pour venir s’installer parmi nous. Un regard vif que jette le plasticien et non moins poète ; pour raconter ses états d’ame. Les unes des journaux et autres revues, d’ici et d’ailleurs, illustrent Í merveille et en bas-relief, les titres des films et leur histoire. Une combinaison et des trouvailles au hasard des pérégrinations de Sylvain. Le passé devient présent et futur sur des affiches éclatées, revisitées, qui prennent une seconde vie. « Marianne » titre : « Le piège caché de l’immobilier » sur l’affiche de : « Piège de cristal-40 étages en otage ». Et ainsi vont les variations sur un thème et les rapprochements ; comme pour « Eyes wide Shut » envahi par la une du « Nouvel observateur » qui titre : « Somalie, l’enfer Í ciel ouvert ». Idem pour l’affiche des « Misérables », comme prise Í contre-pied par « Les folies des tyrans » sur la couverture du « Point ». Quant Í la trilogie : « Liber’nation/Libération », « Révélation /Révolution » et : « Révolution/Evolution », elles traduisent les moments de révolution, de grande émotion et son état d’ame et d’homme.
Sylvain Montéléone accompagne son expo par un recueil poétique. « Moments de prose…instants de pose ». Il nous donne et Í sa manière « juste le temps de prendre l’ R ». Le formidable jeu de mots accompagne toujours les écrits de Sylvain Montéléone. Un recueil « tout en coup de cœur, tout en coup de blues ». Ses premiers cris, ses premiers écrits, ses premiers écrans et son dernier écrin, traduisent ses quatre éléments : l’air, le feu, l’eau et la terre, en l’occurrence. Les sons des mots sont bien choisis pour bien coller Í d’autres, comme pour taquiner la langue française, le lecteur et lui-même. Ou comment raconter autrement sa vie, sa vision du monde, de la révolution, de son quotidien. Une lecture toute en délectation et de plaisir. « Rues, ruelles, Í venir, avenir déjÍ présent, impasses partout…Village joie, fait de sous-rires Et de sous-entendus. » Il en est de même pour : « Sacré et pro’Femme » et ainsi de suite ; comme dans : « Expo de croupe(s), « La mort aux dents », « L’an…demain », « L’ivre…de bord », « Photo…échoppe ». Un véritable exercice subtil et recherché, comme le veut la poésie, qui donne Í écrire en toute liberté…sa liberté de penser et de vivre.
B.L.