« Solwen » de Leila Toubel Í  la Basilique Saint Cyprien

personne quand il faut dire la vérité sur ce qui s’est passé.

« Solwen » de Leila Toubel Í  la Basilique Saint Cyprien

La révolte d’une femme, en toute sincérité

« Carthage hors les murs », le programme off du festival de Carthage qui s’ouvre sur son environnement, entamait récemment son cycle de représentations théatrales par le monodrame « Solwen » (Olvido) de Leila Toubel, une pièce Í  couper le souffle.

Ce spectacle, qui a eu du succès lors de ses précédentes représentations dès le mois de janvier 2015, n’est pas une invitation Í  l’oubli d’une situation invivable que vit une femme de quarante ans depuis la révolution du 14 janvier 2011. Ecrite, jouée et mise en scène par Leila Toubel, cette reprise n’a rien perdu de sa force, tout en restant en phase avec l’actualité. Le cri poussé par cette femme est celui de la dénonciation de ceux qui ont tout simplement trahi le pays, assassiné des leaders politiques, des agents de l’ordre (police, garde nationale et armée comprises) et dont l’intention est de mettre la Tunisie dans une situation rétrograde et de désordre. Leila Toubel nous prend pour un voyage entre fiction et réalité. Elle n’y épargne personne quand il faut dire la vérité sur ce qui s’est passé.

Les maux dont souffre cette femme sont exprimés avec un discours Í  la fois sincère et loufoque. De sa situation propre, voire de ses souvenirs au sein de sa famille, elle passe Í  celle d’un pays tout entier. Tous les deux sont meurtris et n’en peuvent plus de supporter ce désordre et cette haine qui risque de tout remettre en question, voire les acquis de la Tunisie post-indépendante. Leila Toubel est seule sur scène avec ses souvenirs qui sont peut-être contenus dans un coffre qu’elle ouvre et ferme par intermittence. Elle voudrait faire mieux pour oublier et échapper ainsi Í  sa situation peu enviable. Elle boira l’Ovidio, la boisson magique Í  provoquer l’amnésie et invitera le public Í  rêver et Í  toujours rêver d’une vie meilleure. A la fois provocante et provocatrice, Leila Toubel cri son désarroi et sa douleur insupportable.

Sa pièce résume en quelque sorte tout ce que pensent beaucoup de gens, ce qu’ils  espèrent et regrettent. Un grand cri contre le silence et l’indifférence et une preuve que cette femme tiendra le coup en restant debout, malgré les menaces de ceux qui veulent détruire le pays Í  petit feu. « Solwen » a été fortement applaudie dans cet espace historique qui reprenait vie pour appeler Í  une vie meilleure.

B.L.