
Le dit et le non-dit
Projeté en compétition française, dans le cadre du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, étant donné qu’il est produit par la FEMIS, le court-métrage de fiction : « Soubresauts » (Mkhobbi fi kobba) de Leyla Bouzid, qui a été tourné en Tunisie, a reçu un accueil très favorable de la part du nombreux public de la salle « Cocteau », Í la maison de la culture de Clermont-Ferrand. Plusieurs festivaliers nous en ont, en plus, fait part.
En vingt- deux minutes, la jeune réalisatrice a, non seulement réussi, par petites touches, Í raconter un drame familial dans un milieu de la petite bourgeoisie tunisienne, mais a choisi d’être sincère, bien que le film cache un secret. Ce secret est la trame de l’histoire. Une jeune fille ne se souvient pas trop de ce qui lui était arrivé un soir. Sa mère s’inquiète et voudrait connaÍ®tre, Í tout prix, la vérité. Elle voudrait l’aider. Elle n’a plus confiance en sa progéniture. Et pourtant elle la protège, l’aime beaucoup.
Leyla Bouzid explore ce monde de relation mère-fille ; quand cette relation connait des turbulences. Certains connaissent l’histoire, d’autres la cache. L’énigme rÍ´de partout et nous laisse sur notre soif. Mais on est soulagés par l’attachement de la mère Í sa fille et vice-versa. L’atmosphère sombre du film, en accentue la teneur. Les gros plans viennent-ils faire monter le rythme dramatique et quelque part triste du film ? La musique, signée Anouar Brahem, chante, en toute douceur, cette mélancolie.
Le luth donne la réplique Í l’accordéon, emboitant le pas aux images fortes et vives de cette histoire saisissante filmée avec beaucoup de maÍ®trise. On en sort ému, certes, mais rassurés que cette jeune réalisatrice maÍ®trise son image et a beaucoup de chemin devant elle. N’est-elle pas la fille de Nouri Bouzid, qui lui a transmis, le virus du cinéma d’auteur et ce goÍ»t du travail bien fait ? Elle nous donne Í voir un film o͹ le dit cÍ´toie le non-dit dans un milieu familial mi ouvert, mi conservateur, comme chez bon nombre de familles tunisiennes d’aujourd’hui.
B.L.