La nouvelle pièce de Moncef Souissi est intitulée : « Turghut », le vrai nom en turc de Darghouth Raͯs, l’amiral turc, qui fut entre autres pacha de Djerba et qui eut une vie mouvementée, truffée de batailles et de conquêtes, au seizième siècle de notre ère. Cette pièce d’une heure et demie, a été jouée dernièrement au Théatre municipal de Tunis et sera en tournée, dans les semaines Í venir dans plusieurs villes et villages de la Tunisie.
Avec une mise en scène et une scénographie du même Moncef Souissi, cette pièce donne Í voir un spectacle complet qui décrit et rend compte de batailles navales qui avaient eu lieu en Méditerranée Í une époque o͹ les convoitises faisaient rage, avec en toile de fond les ottomans et les croisés coalisés. « Turghut » rompt avec les formes banalisées du spectacle théatral classique. Elle fait appel Í d’autres formes d’expression artistique ; comme la danse et la musique et exploite en entier et la scène et la salle elle-même. L’usage d’un écran, au fond de la scène, guide le spectateur sur chacun des tableaux, avec images d’époque Í l’appui. Les costumes d’époque, quoique versant dans la légèreté, reconstituent ces atmosphères d’antan. Ce spectacle visuel nous fait revivre sur un rythme rapide, les retours de situations et les bouleversements qui y ont lieu. Le texte, en arabe littéraire, est signé Dr Sultan Ben Mohamed Al Kacimi. La pièce n’en est pas moins un plaidoyer pour l’entente mutuelle entre les peuples, o͹, aujourd’hui, la haine semble s’installer partout dans le monde. Le théatre, ne doit-il pas dénoncer ces situations devenues invivables et inconcevables ? Avec l’absence de plus en plus progressive de la tolérance et l’installation du pouvoir de l’argent, en plus des dangers religieux. Le théatre se doit de se révolter contre l’ordre établi. L’histoire est un éternel recommencement, dit l’adage. Car ce qui s’est passé, plus de trois siècles auparavant, refait surface aujourd’hui et presque sur les mêmes terres ! Une tragi-comédie sur des faits réels et appartenant Í l’histoire et qui ne sont pas sans ressembler Í bien des événements qui ont lieu de nos jours.
B.L