Sur le terrain de la peur
Le plasticien tunisien Mohamed Ben Slama ne nous prend pas du tout Í contre-pied dans sa nouvelle exposition, qui a lieu actuellement et jusqu’au 23 juin prochain Í Kanvas Art Gallery, Í la Soukra. Il y revient et encore de plus belle, pour dire et raconter, sous le titre d’ « Agora- Phobia » et Í travers une expression qui lui est devenue propre, l’absurdité et les aberrations de notre quotidien d’aujourd’hui, plus exactement et particulièrement au cénacle de la Constituante. On l’aura deviné. Ici, ses personnages posent et comme Í leur accoutumée, en rangs d’orgue, avec leur « gueules » Í l’aspect surréaliste ; o͹ l’Homme et l’animal viennent se rapprocher et se confondre. L’artiste semble ne ménager personne dans ses dessins et peintures, en petit, moyen et grand format. On y croque des yeux et dans les trois niveaux de la galerie, ces personnages loufoques, Í la limite. La mascarade y crie sa présence. Ces mêmes personnages sont en solo, en couple, ou en groupe. Et ce n’est pas seulement de l’agora sus mentionnée qu’il s’agit, mais d’autres aspects de l’administration tunisienne. Des hommes, comme les « Nabbaras », les analphabètes, les flics… sont comparés Í des bêtes, bêbêtes et Í des insectes, tellement ils n’ont plus rien dans la tête, dans leur relation avec autrui, leur manière de voir les choses et leur travail qu’ils auraient dÍ» et pu accomplir convenablement. Font-ils peur ? Ou incarnent-ils la peur elle-même ? Ont-ils peur d’eux-mêmes et viennent-ils s’arrêter, en si bon chemin, de peur de progresser dans le bon sens !? L’exposition nous permet d’y songer un peu et d’en rire un peu trop. Les œuvres nous tiennent et nous accrochent avec un message direct et indirect, selon la vision du visiteur. Mohamed Ben Slama met le doigt sur les maux dont souffre actuellement la Tunisie post-révolution, pourtant ! Une expo Í visiter absolument !
B.L.
B.L.