
Le chanté dans la douleur
La soirée musicale du 23 juin Í Dar Lasram, dans le cadre du 33è Festival de la Médina, a été dure Í supporter et aussi paradoxal que cela puisse paraÍ®tre. Le cadre choisi, celui du patio de Dar Lasram, ne se prêtait pas déjÍ Í l’événement.
Ce patio n’était pas totalement Í ciel ouvert, car on l’avait découvert Í moitié, Í l’occasion. Il régnait une chaleur torride dans la salle, ce qui n’augurait pas de passer des moments agréables, en cette soirée de Ramadan. Aͯe ! Aͯe ! Le public n’était pas nombreux, mais suait Í satiété. Nonobstant ce détail, on gardait l’espoir que le spectacle nous ferait oublier cette lacune. Mais ce qui allait suivre allait constituer la totale ! La sono fonctionnait comme dans une fête de mariage Í quatre sous. Elle était poussée au maximum avec de l’écho en prime ! Les remarques de quelques spectateurs qui suppliaient de faire baisser le volume, quitte Í chanter sans micro, n’étaient point entendues par l’ingénieur du son. Ce dernier croyait bon de gonfler la voix de Afifa Aouini qui est pourvue en effet d’une voix très moyenne. Et malgré ce handicap, on pouvait l’entendre sans micro.
L’orchestre était un véritable « Arboun » avec des musiciens qui se rencontrent pour la première fois le temps de la « Awada » et merci et au revoir. Mais il s’agissait ici d’un spectacle du Festival de la Médina, une institution qui a aujourd’hui plus de trente années d’existence. Ce concert se déroulait non pas dans une salle de fêtes, mais dans un lieu culturel qui appartient Í l’histoire de Tunis et de la Tunisie. On est en droit de se poser la question : comment ces deux chanteuses ont-elles préparé leur spectacle ? Une improvisation criarde a caractérisé ce concert qui s’annonçait bon et seulement sur le papier. La rigueur est de mise pour respecter un tel festival, son public fidèle et le prestige des deux chanteuses. Afifa Aouini n’a chanté que Saliha et Ali Riahi, sans oser s’attaquer Í son répertoire !
Avec une sono assourdissante et un orchestre qui arrivait Í peine Í s’en sortir, Afifa Aouini a raté sa sortie et sa prestation. Pourtant, le Festival de la Médina a été crée au début des années quatre vingt du siècle dernier afin de redonner vie Í la Médina et Í ses quartiers populaires : Bab Souika et Halfaouine, qui grouillaient de « Cafichanta » et de salles de concerts. Et lÍ , nos chanteurs célèbres de l’époque proposaient leurs nouveautés qui devenaient parfois des tubes durant la même soirée. Mais, entre les deux époques, il y’a un monde. Monia Béjaoui, de son cÍ´té, a marqué, Í l’occasion de ce concert, son retour sur la scène artistique. Un retour quelque peu douloureux, car elle a été mal servie par une sono médiocre qui ne lui a pas permis de faire écouter sa voix demeurée presque intacte comme au bon vieux temps des années soixante dix et quatre vingt.
D’ailleurs, c’est ce temps-lÍ qui lui tient le plus Í cœur. En témoignent la chanson « Hams el mouj » qui lui a été composée par Abdelkrim Shabou sur des paroles d’Habib Mahnouch et les reprises de chansons d’Oum Kalthoum et de Chahrazède, Í la demande du public. Monia Béjaoui a chanté une autre chanson de son répertoire : « Ya sidi », qu’elle a elle-même composée, vingt ans auparavant. On attendait des nouveautés, mais il n’y en avait guère. On parlera chanson une autre fois.
B.L.