Avant-première « Wled Ammar » de Nasreddine Ben Maati

Une projection en avant-première du premier long-métrage documentaire : « Wled Ammar » de Nasreddine Ben Maati a eu lieu le 1er novembre au « Cin

Avant-première « Wled Ammar » de Nasreddine Ben Maati

L’espoir se doit de persister

Une projection en avant-première du premier long-métrage documentaire : « Wled Ammar » de Nasreddine Ben Maati a eu lieu le 1er novembre au « Ciné-Mad’Art », Í  Carthage-Dermech, lÍ  o͹ ce film est sorti le lendemain et également Í  la salle « Hannibal », Í  El Manar 1.

Ce film vient rendre hommage aux jeunes cyber-activistes tunisiens qui ont participé activement, et via la toile, au déclenchement de la révolution tunisienne du 14 janvier 2011. « Wled Ammar » renvoie Í  la célèbre dénomination du « 404 Not Found » en l’appellation bien tunisienne de « Ammar 404 », le censeur tunisien d’Internet et qui n’était autre que Ben Ali. Le réalisateur retrouve ces jeunes qui, aujourd’hui, s’en souviennent non sans joie, ni amertume. Ils ont pu dénoncer et combattre la dictature et ont en payé cher le prix. Ils ont été, en effet, torturés et emprisonnés. Le regretté Zouhair Yahiaoui en est l’exemple le plus frappant. Le film lui est d’ailleurs dédié. 

A travers des témoignages avec ceux qui ont été les investigateurs de la révolution, après avoir échappé Í  la censure d’Ammar 404, par Proxy et autres astuces interposées, le film joint le passé au présent. Pour cela, des images d’archives et particulièrement celles de ces activistes courageux qui, en 2010, avaient pu convaincre les gens Í  sortir dans la rue. L’image virtuelle était devenue réelle et avait bien gagné son terrain. Le combat continuait et en puissance. Mais dès le déclenchement de la révolution et particulièrement après les élections du 23 octobre 2011, la déception commençait Í  s’installer. La victoire des islamistes dans ces élections, tant attendues, avait plongé les cyber- dissidents dans une terrible déception. Les jeunes révolutionnaires voyaient apparaÍ®tre de novelles gens qui « luttaient » pour d’autres principes, plutÍ´t religieux.

La fraÍ®cheur et la fougue de la jeunesse devraient rester et non pas être écrasées par ceux qui n’avaient pas fait la révolution. Le film accroche par son humour froid et son langage sincère et de tous les jours. Les retouches et la censure n’y ont pas de place. « Wled Ammar » a été tourné avec une caméra portée, ce qui lui donne une part d’originalité et pour prouver qu’un jeune réalisateur peut jouer dans la cour des grands. Mais la caméra bougeait parfois. Ce détail technique se laisse voir, mais il est vite sauvé par un montage intelligent et réfléchi. Ce documentaire ne vient pas nous lancer un discours galvaudé. Il s’adresse, en effet, aux parents qu’il accuse d’avoir éduqué leurs enfants au silence et Í  l’acceptation de l’inacceptable, Í  la logique de l’illogique ! 
Le cri de rébellion de ces jeunes tunisiens a sonné Í  travers le monde entier. Mais aujourd’hui et comme nous le montre ce film, la censure s’installe de plus en plus. Et c’est sur une note d’espoir que finit le film : celle de « Free Weld El 15 » en allusion au chanteur de Rap qui a été emprisonné Í  cause d’une chanson ! La musique a accompagné d’ailleurs la révolution des jeunes et des braves. Le prochain film du réalisateur Nasreddine Ben Maati sera sur les groupes des jeunes chanteurs tunisiens qui ont participé amplement Í  la révolution.

B.L.