
Ça « snife » la liberté de vivre
Les amis et les copains étaient nombreux mercredi soir Í la salle du « Quatrième Art » Í l’occasion de l’avant-première de la nouvelle pièce : « Sebsi monologue ». Un one man show signé pour le texte et la mise en scène par le scénariste Hatem Belhaj, qu’on ne présente plus et interprétée par Foued Litaiem, qui s’est spécialisé, en fait et depuis toujours, dans le genre comique. On devinait que, quelle que soit la longueur de ce spectacle, les spectateurs privilégiés : gens du théatre, proches, amis et spectateurs professionnels-critiques de théatre, en auront pour leur temps. Tout ce beau monde s’était retrouvé face aux réalités engendrées par la révolution tunisienne du 14 janvier 2011, sous un regard ironique et critique et sous fond d’une histoire d’amour impossible et loufoque. Tout, ou presque, était passé en revue et aux plus petits détails importants. Le titre de la pièce, d’une heure trois quarts, sonnait doublement. Le jeu de mot était extraordinaire et renvoyait Í la consommation en cachette des drogues douces, tolérées dans les années trente et quarante du siècle dernier, et au nom d’une ancienne personnalité politique. Le monologue est un récit doux-amer, une narration timide et surprenante, Í la fois et en flash-back effectuée par un personnage sympathique et sans scrupules. Il en a eu, en effet, « marre » des bruits de la ville, provoqués par les effets de la révolution. Il s’en est allé seul dresser une tente aux abords d’une montagne lointaine, en pleine nature, tel un boy-scout, ou un alpiniste. Cela l’aura-t-il changé de ses chagrins d’amour ? Ils l’habitent toujours et contre son gré, dans sa solitude. Sa narration continue dans un décor changeant au niveau des lumières et des accoutrements qu’il utilise.
Et tant pis si le micro-cravate devient parfois défectueux devant la bougeotte du comédien. Il y fait avec et s’adapte Í cette situation imprévue. Crescendo, le ton monte et la performance de Foued Litaiem traduit, petit Í petit, un haut niveau d’interprétation. Il y’a du professionnalisme dans l’air ! La scène est presque nue. Au fond, les étoiles couvrent un ciel bleu-nuit. L’acteur y parle Í outrance ; car il en a plein la gueule d’histoires et de mésaventures Í narrer, qui nous font marrer Í outrance et qui nous intéressent et nous interpellent tous, parfois. Il est rêveur, il bouge et danse. Il est triste et joyeux et il ne sait plus o͹ donner de la tête aux situations qu’il vit. Il a une folle envie de liberté… de vivre heureux ! Le texte suit d’ailleurs l’évolution des événements que vit la Tunisie ? En ces jours de post-élections de la Constituante. Le chant n’y manque pas, one man show oblige. Et c’est une chanson en play-back, écrite également par Hatem Belhaj, qui clos ce rendez-vous théatral exceptionnel. « Yezzi ! » ( ça suffit !), est composée sur un rythme Reggae très dansant qui a vite fait de charmer la salle. Les spectateurs étaient debout Í taper des mains et Í reprendre le refrain avec l’acteur-chanteur, Í l’occasion. Une belle communion et un accueil chaleureux pour ce nouveau travail, qui vient briser le silence sur des tabous et sur le non-dit.
B.L.