Cinéma - « Winou baba ? » de Jilani Saadi

Avec son troisième long-métrage de fiction : « Winou baba ? », sorti cette semaine sur nos écrans dans trois salles Í  Tunis et banlieues, le r

Cinéma - « Winou baba ? » de Jilani Saadi

Au nom du père, le bonheur sera-t-il atteint ?
Avec son troisième long-métrage de fiction : « Winou baba ? », sorti cette semaine sur nos écrans dans trois salles Í  Tunis et banlieues, le réalisateur tunisien Jilani Saadi persiste et signe avec cette comédie dramatique dans le genre social, o͹ les marginaux y trouvent leur compte.

L’image du père disparu est omniprésente dans ce film. Elle aura un peu trop influencé le héros, Halim, un célibataire endurci, loufoque et Í  l’humour froid qui aime un peu trop également écouter et Í  longueur de journée, le chanteur égyptien disparu Abdelhalim Hafedh. Un régal pour les fans du « rossignol brun ». Halim, pas Hafedh, devenu l’esclave de ce père qu’il aime le plus, amènera toujours, avec lui, la photo de ce dernier ; allant jusqu’Í  croire que son père lui parle du fond de sa tombe. Un dialogue fou, o͹ l’on reconnait la voix de l’acteur Mohamed Hassine Grayaa, celui-lÍ  même qui avait joué dans : « Khorma » le premier long-métrage de Jilani Saadi, le rÍ´le du colporteur de nouvelles et du prieur sur les morts. L’histoire se prolonge-t-elle autrement ? Ou continue-t-elle de plus belle ? Vivant comme dans un autre monde, Halim rejoindra un cercle de marginaux, après avoir raté, bêtement, sa nuit de noces. Sa future femme, beaucoup moins agée que lui, subira le même sort dans des situations qui mettent en évidence un père autoritaire et coléreux. Elle ne tardera pas, d’ailleurs, Í  faire partie de ce groupe sympathique d’amis inséparables et fidèles. Mais les choses vont, plutÍ´t, mal tourner et devenir dramatiques. Nous restons sur notre faim, Í  la fin du film. Le réalisateur nous donne-t-il libre cours Í  notre imagination ? Car ce n’est point lÍ  de l’invraisemblable, ni même du réel. Les vérités dérangent et tournent Í  la dérision. Le discours est parfois cru ; réalisme et hyper-réalisme obligent. Même dans leur folie, leur vie marginale, les héros restent fatigués. Il leur manquera toujours quelque chose qu’ils n’atteindront peut-être jamais. C’est comme dirait Jacques Brel : « le boulanger qui va vous écrire son recueil poétique dans les jours qui viennent ! Et peut-être demain !

Autant que le film est comique, Í  souhait, autant il nous met Í  nu des situations invivables, que des personnages communs et issus du bon peuple, tendent Í  surmonter. Une bataille contre la malchance et les malentendus. La caméra se rapproche de ces êtres heureux et malheureux. La caméra portée est ainsi indispensable. Les plans fixes et rapprochés insistent sur la lourdeur de ce qui s’abat et habite les personnages en quête de bonheur. Ils semblent fuir leur situation désastreuse, mais cette dernière leur colle Í  la peau, car ne voulant point les quitter.

B.L.