Chronique d’un jour d’exception
Le nouveau documentaire de Hichem BEN AMMAR intitulé « Tounès Tantakhib » (La Tunisie vote), a été projeté en avant-première le 23 février 2012 au « Mondial ». Ce film, d’une durée de 48 minutes, raconte un jour glorieux dans la vie des Tunisiens : le 23 octobre 2011 ; celui o͹ le peuple est allé en masse voter la Constituante. Un événement exceptionnel, jamais vécu auparavant en Tunisie, depuis plus d’un demi-siècle.
La caméra est allée filmer Í travers plusieurs villes et régions du pays : de Kairouan, Í Tunis, en passant par Sidi Bouzid, BéjÍ et quelques unes de leurs régions et banlieues. Du lever du jour, au crépuscule, c’est la chronique d’une journée de vote, pas comme les autres, qui y est narrée. Hichem BEN AMMAR promène sa caméra en toute simplicité Í l’entrée et Í la sortie des bureaux de vote, dans la rue et même Í travers les champs et dans les habitations en construction. La Tunisie, dans toutes ses couleurs et ses splendeurs, est lÍ , debout, prête Í voter. Les longues files d’attente, Í travers plusieurs régions du pays, expliquent cet engouement spontané du peuple. Chacun s’est, en effet senti citoyen tunisien, ce jour-lÍ . La citoyenneté avait pris, enfin, un nom chez le Tunisien. La majorité des intervenants ont émis le vœu de voir une Tunisie plurielle, fière de sa dignité retrouvée, sans tenir compte du parti qui gagnera les élections. C’est l’espoir d’un lendemain meilleur qui prédominait. Les détails de l’opération de vote et du travail des bureaux, n’y sont pas en reste. Ces détails ne sont points ennuyeux, Í partir du moment o͹ on ne s’y attache pas trop. Les visages, pris en gros plan, occupent parfois et presque tout l’écran. Ils importent le plus, dans la mesure o͹ ils sont dans toute leur expression. Les paroles, libérées de toutes contraintes ou censures, les sourires, la joie et l’émotion, s’entremêlent. C’est le rythme saccadé d’un jour de fête, le jour o͹ un grand nombre de Tunisiens sont allés voter, en leur ame et conscience. Le réalisateur, n’intervient pas en voix off pour nous faire part de l’évolution des faits. C’est Í travers les infos, émises par différentes radios, qu’on suit les derniers détails du vote dans le pays. Une évolution, en filigrane et en parallèle. Hichem BEN AMMAR ne fait pas dans les voies balisées, en choisissant de ne pas nous révéler les résultats de ces élections démocratiques et libres. MaÍ®trisant son sujet, il ne tombe pas dans le piège d’un reportage « ringard. » Ce réalisateur nous a déjÍ habitués Í aller au-delÍ du sujet qu’il filme, pour dévoiler, ici, ce que pensent les Tunisiens de la politique et des partis en prolifération et pour filmer des gens simples et combien dignes.
B.L.