
Poétiquement vÍ´tre
Pour clÍ´turer l’année 2014 et recevoir l’année 2015, la galerie d’art et d’essai « Le Damier », Í Mutuelleville, accueille depuis le 26 décembre 2014 et jusqu’au 7 janvier 2015 la première exposition personnelle de la jeune plasticienne Mouna Ferjani sous l’intitulé d’« Au feel des mots. »
Les quinze œuvres exposées sont dédiées Í pas moins de douze poètes arabes de la période allant du dixième au vingtième siècle de notre ère. Un bel hommage Í ces artistes du verbe Í travers des travaux qui mêlent la peinture, Í l’expression graphique. Les mots et les textes, qu’on peut lire sur les toiles, sont extraits des œuvres marquantes de ces grands poètes qui ont été traduits dans plusieurs langues. Une relecture de cette poésie par le truchement de l’expression plastique contemporaine. Mais ici, « la calligraphie devient signe », comme nous l’a fait remarquer Sylvain Montéléone, animateur de la galerie. L’exposante Mouna Ferjani fait d’ailleurs partie de l’atelier de peinture que Sylvain dirige. L’élève expose et fait exploser son talent créateur.
Elle compose au fil des mots et nous fait découvrir un talent éclaté et qui s’impose au fil du regard. « Le pinceau-plume glisse sur le canevas o͹ la danse des mots semble chuchoter… « She feels good », écrit Sylvain sur le dépliant de l’exposition. La jeune artiste indique d’ailleurs que les poètes dont elle relit la poésie sont ses inspirateurs. Une présentation succincte de leur vie et de leur œuvre, est également fournie sur le dépliant de cette exposition. Un beau voyage qu’ effectue Mouna Ferjani du Maghreb au Machrek et Í travers les siècles. Le maÍ®tre Sylvain Montéléone le dit si bien dans son mot de présentation : « prose, rime et vers, verts comme un printemps naissant d’Al Mutanabbi, Í Chebbi, d’Adonis, Í Daewich. »
Les sensations et les états d’ame de la plasticienne sont exprimés Í travers des « pérégrinations » qu’elle dédie Í Al Hallaj, un « rêve andalou » pour Al
Moutanabbi, « Les Roubayyat souvenir » pour Omar Khayyam, un « secret d’alcÍ´ve » qu’elle offre Í Jibran Khalil Jibran. Et c’est un hymne Í la joie et Í la vie que notre artiste dédie Í Aboul Kacem Chebbi. Avec Mahmoud Darwich, c’est une offrande « de sang et d’argent », « Í l’amère patrie » dans un décor « de nuit et de brouillard. » D’autres poétesses arabes n’y sont pas en reste et pour lesquelles l’artiste en puissance dédie des « poésies inachevées. » Il s’agit de Fadwa Touqan, Nazik Al Malaͯka et Salma Al Jayoussi.
Mouna Ferjani dédie également deux tableaux Í sa mère, sa génitrice, avec des «Vers libres » et « Mille et une nuits. Un beau cadeau enrÍ´bé de douceur. Une intéressante exposition qui vaut le déplacement.
B.L.