
Un hymne Í la pensée et Í la liberté
C’est une rencontre picturale entre huit plasticiennes femmes sous l’intitulé de : « Féminin Pluriel », dont le vernissage a eu lieu jeudi soir Í la galerie Gorgi Í Sidi Bou Saͯd. Ces artistes ont été réunies par Aͯcha Gorgi, directrice et animatrice de cette galerie d’art contemporain.
Le titre de cette exposition se limite-il seulement Í cette « assemblée de femmes ? » pour reprendre le titre de la pièce théatrale d’Aristophane. Il faut signaler, tout d’abord, que la quasi-totalité de ces artistes, toutes générations et tendances confondues, ont déjÍ exposé dans cette galerie et depuis le temps o͹ elle s’appelait galerie Ammar Farhat. Certes, il s’agit d’une rencontre au féminin pluriel, mais qui vient raconter, par le truchement de la création artistique, des idées et surtout des positions vis-Í vis de l’actualité politique de la Tunisie et Í un moment crucial de son histoire.
En parcourant l’expo, on est vite séduit par les œuvres de Rym Karoui qui manipule Í merveille les formes et les couleurs vives. Elle jongle entre une sculpture dénommée « Le lapin », la peinture onirique et le collage pour axer sur le détail et exprimer son état d’ame, sa moquerie en des clins d’œil et son refus d’un vécu tracé d’avance. Imen Berhouma suggère une peinture mélancolique et triste sur les bords selon qu’elle soit seule ou en famille. Cette tristesse serait-elle due Í l’état des lieux sous nos cieux ?
Et dans cette exposition dédiée Í la femme par des femmes, Feryel Lakhdhar persiste et signe par des peintures et des collages. Ses œuvres prennent sur le vif des femmes en toute quiétude avec des broches en fleur, par exemple. Quant Í Aͯcha Filali, elle continue de nous surprendre agréablement avec cette fois-ci de belles illustrations de photos en collage en noir et blanc sur deux chaises rouges. Une autre manière d’exprimer le refus et le rêve de lendemains meilleurs pour le pays. Il en est de même pour Insaf Saada qui propose des peintures et des sculptures pour insister sur la matière grise, en peinture et le cœur en sculpture. Le cœur et la pensée sont et devraient en outre travailler ensemble.
Pour Meriem Bouderbala, et Í travers son travail de recherche sur la Mélia, sa composition renvoie Í sa critique, voire Í son refus du traditionnel figé qui doit absolument être en phase avec l’aujourd’hui. Héla Lamine, décrit pour sa part « Le festin des Affamés » ou comment représenter les nourritures anodines autrement qu’auparavant et non sans une pointe d’humour. La bouffe devient ainsi une œuvre artistique. Fatma Charfi, de son cÍ´té, dépeint dans une série de petits tableaux les observateurs. Ces derniers sont-ils en relation avec ceux des élections législatives et présidentielles ?
Ils sont sombres et inconnus au milieu d’une foule de gens. Une variation sur un thème qui donne Í réfléchir. Cette exposition vaut absolument le déplacement.
B.L.