Le plasticien tunisien Walid Ardhaoui expose actuellement et jusqu’à la fin du mois de mai à la galerie Gorgi sous le thème d’ « Isthmus. » Un thème à réflexion que l’on pourrait lire à plusieurs niveaux.
Mais, d’emblée, le visiteur est frappé et charmé par les tailles assez grandes des œuvres exposées. Un choix délibéré et une volonté à sortir de l’ordinaire, voire du conventionnel. Les différents styles que choisi l’artiste et la recherche que dégage chacune des œuvres, ajoutent de l’intérêt aux travaux. L’exposition de Walid Ardhaoui surprend et séduit et ne laisse pas indifférent. Elle s’inscrit dans le cadre de « Jaou », la manifestation culturelle qui a lieu à la banlieue nord de Tunis et qui est placée, dans sa quatrième édition, sous le thème de « Nation migrante. » Et c’est peut-être pour cela que les organisateurs de ce nouveau rendez-vous avec « Jaou », traduire ambiance, ont opté pour les nouveaux travaux de Walid Ardhaoui avec l’isthmus, ou isthme comme dénominateur commun.
Les tourments et l’anxiété sont l’envers du décor des tableaux qui sont pourtant et à première vue éclatants de lumière. Et on ne pourra que se poser beaucoup de questions en s’arrêtant devant chacun des onze tableaux proposés. Et quelque soit le support et la technique utilisés, avec, en prime, des objets et des éléments étalés sur les toiles, les clins d’œil surgissent avec un message qui filtre en filigrane. Car cet artiste plasticien est tourné vers la jeunesse tunisienne dont la situation est peu enviable actuellement. Elle est, en effet, attristée par ce qu’elle vit à contre - cœur. Cette jeunesse tente de s’en sortir par tous les moyens. Et s’il le faut, par l’immigration clandestine, un projet inespéré qui n’aboutit généralement qu’à un suicide groupé et parfois annoncé en pleine mer !
L’isthme est-il le lien entre la terre et la mer ? La vie et la mort ? Il l’est certainement à travers cette exposition qu’il faut visiter sans hésitation.
B.L.