
La discrète séduction
Une belle exposition de peintures d’Anne Marie Mouaffak placée sous le thème de « Parole…dames » a été inaugurée le 30 mai Í la galerie d’art et d’essai « Le Damier », Í Mutuelleville. Elle se poursuivra jusqu’au 11 juin.
Cette exposition qui a fait courir les amis de la plasticienne et ceux de la galerie est d’une rare beauté, car elle rend hommage Í la femme dans la trentaine de tableaux qui sont exposés sur les cimaises de cet espace accueillant et calme. On y découvre les récents travaux d’Anne Marie Mouaffak, celle qui a vécu et travaillé en Tunisie pour de longues années. Mariée Í un tunisien, elle est née au Sénégal et défend son appartenance Í de multiples pays de ses origines françaises, corses, russes…L’Afrique, l’Europe, la Tunisie, mais aussi les Etats Unis sont représentés. Les mouvements, les couleurs, les contrastes et la lumière racontent des situations o͹ la femme se trouve selon qu’elle soit avec d’autres femmes, au Hammam, en conversation, Í l’heure du thé, dans l’attente, au marché, en repli, ou jetant un regard.
Mais il est un autre détail qui vient se répéter dans l’exposition, celui du Jazz. L’ambiance jazzy nous cligne de l’œil, jusqu’Í nous emmener dans l’univers de Nina Simone. Un mini hommage, en quelque sorte Í cette grande de la chanson contemporaine. Seule ou accompagnée, la femme crie sa présence dans cette grande exposition aux couleurs vives et séduisantes pareilles Í une belle femme. Anne Marie Mouffak, ou Ana, comme elle se plait Í se surnommer, pour se rappeler du prénom d’une grand-mère russe, vient-elle dépasser le simple bavardage des femmes. Elle donne sa juste valeur Í la parole féminine, une parole qui a longtemps été confisquée. Et devant chaque tableau, on s’arrête tout en étant contemplatifs et émerveillés.
C’est Í la fois un voyage extérieur et intérieur dans l’univers de la femme. On ne cherchera plus la parole autant que le silence profond. Toutes les femmes qu’on a rencontrées sur les tableaux n’ont pas de visage. Ce dernier, Í l’exception d’un tableau, est effacé. Est-il alors un détail de trop ? La plasticienne a préféré laisser au public imaginer l’expression du visage et particulièrement des yeux. Un choix délibéré qui donne Í cette exposition une certaine originalité. Une exposition qui vaut absolument le déplacement.
B.L.