
A travers une quarantaine d’œuvres de neuf artistes plasticiens, l’Espace Sadika, Í Gammarth, propose, depuis le 20 octobre et jusqu’au 6 novembre 2012, une intéressante exposition de groupe sous l’intitulé de : « Peindre. » Un cri pour la liberté d’expression…artistique, aussi. Le texte introductif de Leila Selmaoui, médiatrice culturelle Í l’Espace Art Sadika et qui participe également Í cette exposition, la présente et en résume le pourquoi. « Peindre, dit-elle, en substance, c’est vivre, penser, agir et réagir avec une prise de risque, surtout aujourd’hui. Peindre aujourd’hui, dit-elle encore, c’est courir le risque d’être violenté, surtout si on est une femme, ou condamné Í mort par les salafistes ou leurs alliés, par réseaux sociaux interposés. » La femme est présente d’ailleurs et Í juste titre dans cette exposition.
Nous la retrouvons dans les œuvres de Thouraya Hamouda sous un angle fort accrochant de mouvements et de couleurs. Il en est de même pour Amel Ben Hassine, qui, bien que ses tableaux ne portent pas de titre, les femmes y sont représentées. Jan Demeulemeester les rejoint dans son hommage Í la femme. Idem pour Abdelwahab Cherni et Dominique Médard, qui, elle aussi, laisse sans titre ses œuvres, avec des clins d’œil Í Eve. Leila Selmaoui et dans ses tableaux qui s’inscrivent dans la nouvelle figuration, rend hommage Í la femme libre et Í la femme activiste.
Mourad Harbaoui peint en toute liberté, comme il le fait encore et toujours des situations labyrinthiques et de camouflage. Est-il, quelque part, Í la recherche d’une issue Í ses questionnements directs ou métaphysiques ? Nadia Zouari recherche-t-elle la vérité, dans un printemps de puzzles ? Ou dans une beauté absolue ? Enfin le sculpteur Mohsen Jelliti propose est-il un « chasseur de sublime », un « Don Quichotte » ? Nous retrouvons, d’ailleurs, une installation intitulée : Le cri de fer » qu’il avait réalisée pour une précédente exposition au même espace et qu’il expose, de nouveau. Cette dernière va de pair avec le climat d’insécurité que vit actuellement le pays.
Leila Selmaoui, pour y revenir, dit également que « peindre aujourd’hui, c’est dire toute la résistance que nous devons présenter Í toutes ces actions de négation de la liberté de peindre, de créer librement ! Sans entraves !...Les créateurs tunisiens n’ont jamais été aussi libres que face Í cette menace qui pèse sur leur liberté de création. »
Une intéressante et belle exposition qui mérite le détour.
B.L.