
Un point, une ligne et une œuvre éclatée
Peintre, graveur et dessinateur, l’artiste plasticien français d’origine italienne Serge Griggio expose actuellement et pour la première fois en Tunisie ses récentes oeuvres et jusqu’au 14 juin 2011, au Centre russe des sciences et de la culture.
Une grande exposition, allait-on dire, qui occupe les deux lieux communiquant et réservés aux expositions dans ce lieu de rencontre, de découverte et d’apprentissage de la culture slave et russe, particulièrement. Et d’emblée, cet artiste nous surprend par ses visions particulières de ce qui l’entoure Í Tunis, o͹ il est venu, retourne chez lui et y revient depuis novembre 2011. Les tableaux ne sont point numérotés, car ils sont présentés par thème. Ainsi, ils s’exposent en petit nombre, ou en grand nombre. Une suite et une variation sur un thème. Les sujets sont : le vote, la maison du sage, dont le point de départ est « la cage de Sidi Bou Saͯd » et la coupole d’un marabout et le fauteuil d’Afifa. Des points et des lignes s’y rencontrent et s’entrecroisent. « Je peins ce que je vois, d’une certaine manière, avec un point de départ plastique », nous a déclaré Serge Griggio. Il interroge le réel, plastiquement, Í travers un regard plus dépouillé, en allant chercher dans les lignes verticales et horizontales dans les espaces muraux et dans les rues, qui furent réservés Í la campagne électorale du 23 octobre 2011, en Tunisie. Est-ce lÍ un travail de dépouillement et d’expérimentation ? Cet artiste passe du réel Í une autre réflexion, en utilisant l’espace. « Cela touche, selon ses dires, certes Í la démocratie, mais Í une chose encore plus ouverte, Í une réflexion philosophique, sociale et politique. » Une vision comme entassée de foisonnements. Il aime être conforté Í des lieux ; comme lÍ o͹ il expose ; car cela le change des galeries d’art classiques. « Quand je travaille, je ne sais Í quoi cela va-t-il aboutir », nous a lancé encore l’artiste. Ses œuvres sont-elles, alors, éclatées et ouvertes ? Serge Griggio interroge la réalité, dans une démarche qui lui est sienne et qui a marqué son travail depuis bien des années. Né et vivant dans la région de l’Aude, en France, cela a contribué, de part le brassage ethnique et la richesse des cultures et lui a permis de s’ouvrir sur d’autres horizons. Les influences et les échanges caractérisent son travail. Il aimerait bien apprendre la langue arabe, pour la connaÍ®tre et pouvoir mieux communiquer avec ses gens. Il nous a évoqué le travail de Picasso avec « Les demoiselles d’Avignon » inspirées par des statuts africaines. Serge Griggio prépare deux expositions Í Toulouse et Í Béziers. Bon vent ! En attendant, son expo vaut le détour.
B.L.