
Un monde étrange, ou une naͯveté contemporaine ?
Une intéressante exposition picturale se tient actuellement au Palais Kheireddine, dans la Médina de Tunis, depuis le 20 janvier et jusqu’au 18 février 2012. Elle est l’œuvre du plasticien tunisien résidant en Suisse :Ahmed Zaͯbi. Nous disions intéressante, car elle constitue un événement artistique de haut niveau et Í part entière.
Les œuvres, qui occupent les deux niveaux de l’espace, sont éclatées et racontent la révolution-évolution, comme se plait Í l’appeler l’artiste. Pour le visiteur, point de liste des œuvres, ni leur prix. Il s’agit ici de dire, d’exprimer et de raconter la révolution tunisienne. La luminosité frappe, de prime abord et c’est le point-clé de l’exposition. Cette luminosité anime le regard. Chaque œuvre est une composition, quelle que soit sa taille et son format ; géante, ou toute petite, soit-elle. Le style d’Ahmed Zaͯbi est-il celui d’une naͯveté contemporaine ? Cet artiste serait-il alors, inclassable ? Il emploie, en effet, la peinture Í l’huile sur des espaces grandioses ; o͹ les œuvres atteignent les trois et quatre mètres de long. La majorité des tableaux n’ont pas de cadre. Continuent-ils sur les cimaises ? Il en est de même pour les aquarelles. Ahmed Zaͯbi dépasse les limites du « conventionnel », pour donner libre cours Í son imaginaire et Í sa vision propre des êtres et des choses.Ça commence et ça finit, ou ne finit pas ! C’est, en quelque sorte, des compositions qui vont vers la nouvelle figuration. Un monde étrange qui n’est pas sans nous émouvoir et nous donner Í réfléchir. Le mouvement détermine chaque œuvre. Une danse et une échappée-belle, dirait-on ! Avec une explosion de formes, de lignes et de couleurs. La poésie habite l’artiste, dans la mesure o͹ des vers poétiques, en arabe littéraire, figurent parfois sur l’un ou l’autre des gravures exposées, pour livrer ses appréciations de la vie. Et la gravure, pour y rester, elle est en lignes libres, exprimant la révolte contre un quotidien morose. Nous avons cette sensation de pénétrer l’œuvre, tellement elle nous fait appel, comme par insistance. On revient Í cette même œuvre, pour y voir plus clair, pour y voir autre chose ; car cette dernière nous accroche profondément. Le monde, tel que vu et perçu par ce peintre, est celui des questionnements, de l’expression libre et d’un désir d’échapper au déjÍ vu. Il quitte les balises, pour construire et suivre les siennes. Un cri de liberté que le peuple tunisien a poussé depuis la révolution et qui semble continuer pour ne point la perdre en cours de route.
Une visite s’impose pour découvrir les travaux récents d’un artiste tunisien de grand talent, rattaché Í ses origines ; car les lumières fortes de la Tunisie y apparaissent dans cette exposition.
B.L.