La nouvelle exposition du jeune artiste tunisien Inkman se tient à Ghaya Gallery, à Sidi Bou Saïd, depuis le 14 mai et jusqu’au 15 juin 2017. Elle s’insère dans le cadre de la manifestation culturelle et artistique « JAOU » qui investit plusieurs espaces culturels et publics dans la banlieue nord de Tunis.
Une exposition qui célèbre particulièrement les lettres arabes et latines. S’agit-il seulement d’une simple exposition calligraphique ? Que non ! Car Inkman recherche dans la beauté des compositions qu’il expose. Et mieux encore, il ne se limite pas au dessin, dans la mesure où il réalise des sculptures avec générosité. Il élargit ainsi les espaces de ses créations dans un « royaume de lettres. » Les lettres et les formes ont quitté le Street- Art, sont revenues sur papier, pour prendre carrément des formes sculpturales. Poète du verbe et de la lettre, Inkman n’hésite pas à nous raconter son itinéraire et à nous expliquer sa démarche, voire sa conception de la production artistique qu’il cajole à souhait. Il nous l’explique à travers un poème en vers libres.
Il y dit : « Loin de ce monde, Et de tout ce qui est réaliste, J’ai pris mon chemin, Commençant par des gouttes d’encre sur le ciel de mon papier, Mes idées commencent à se battre, J’ai fermé mes yeux pour un moment, Pour joindre une autre dimension, Loin de l’habituel, J’ai pris mon chemin, pour un voyage vers l’inconnu, Et mon imagination laisse place à l’hallucination, Je sens le parfum des vagues de la mer, Roulant dans le fond de l’odeur du musc blanc, Mes mains dessinent des ponts dont je ne connaissais pas l’existence, J’ai pris des chemins étranges Et j’ai oublié que mon cœur battait d’amour, Elle murmure avec une belle voix dans mes oreilles, Avec le sourire du printemps, M’a amené aux périphéries du magnifique pays, Où il n’y a pas de fin aux personnages, Elle m’a amené avec sa passion à un royaume appelé, Le royaume des lettres… »
L’imagination de l’artiste le mène vers de nouveaux espaces. Et mieux encore, la présentation esthétique de l’exposition et le sens de la visite nous tiennent et nous entrainent vers une rencontre insolite avec des œuvres qui sortent de l’ordinaire. Là où les lettres forment une composition comme celles réalisées à l’encre sur une feuille d’argent, ou en diptyque à l’acrylique sur toile. Et selon qu’elles portent ou pas de titre, les œuvres sont toutes en mouvement, en couleurs et en lumière. Elles invitent à la méditation et à l’évasion. Une exposition qui mérite le déplacement.
B.L.