Interview de Drew Barrymore

35 ans. 28 ans de carrière. En réalité, si on devait analyser la filmographie de Drew Barrymore, en mélangeant les publicités,

Interview de Drew Barrymore


35 ans. 28 ans de carrière. En réalité, si on devait analyser la filmographie de Drew Barrymore, en mélangeant les publicités, les séries télés et le cinéma, nous devrions parler de 34 ans de carrière.

Drew Barrymore a débuté sa carrière dans une publicité vantant les mérites d’une marque de nourriture pour chien. Elle avait 11 mois. Mais Drew Barrymore a de qui tenir :
son grand-père était John Barrymore, son arrière-grand-oncle Lionel Barrymore, son arrière-grand-tante Ethel Barrymore et son père, John Drew Barrymore. Steven Spielberg, l’homme qui a lancé la carrière internationale de Drew, est son parrain. Spielberg l’avait prise pour jouer la petite Gertie dans E.T. l'extra-terrestre. Drew avait 7 ans. Mais tout n’est pas rose dans la vie de la jeune actrice. Elle gardera une image de “mauvaise fille”, qu’elle racontera dans son autobiographie intitulée La Petite Fille perdue (Little Girl Lost). Devenue adulte, Drew Barrymore n’a pas vraiment changé de style, même si elle s’est calmée.

En 1995, elle pose nue pour le magazine Playboy. Steven Spielberg lui offrira une couverture avec une petite note dans laquelle il écrit : “Pour te couvrir”. Finalement, le film d’horreur Scream lui offre une nouvelle célébrité et un fan-club plus jeune. Depuis, Drew Barrymore s’est jetée dans la production avec succès, dont la franchise Charlie’s Angels, dans laquelle elle partage l’affiche avec Cameron Diaz et Lucy Liu. Elle continue toutefois Í  jouer, généralement dans des comédies romantiques.

Dernière en date, Going the distance, Trop loin pour toi en VF, ou comment garder une relation amoureuse lorsque la distance vous sépare. Dans ce cas, l’un réussit sa carrière Í  New York, l’autre Í  Los Angeles. Bien sÍ»r, il y a les webcams et les miles qu’on collectionne chaque fois qu’on prend l’avion. Mais est-ce que cela est suffisant pour que le grand amour tienne bon ? Entretien avec Drew Barrymore. Sans langue de bois. Comme elle le dit souvent : “What you see is what you get”.

Ce que tu vois est ce que je suis.

Ramzy : Il y a 28 ans, le public est tombé amoureux d’une petite fille appelée Drew Barrymore. Tu as poussé un cri en voyant E.T. et ta carrière a aussitÍ´t démarré. Si tu pouvais faire un bilan de ces 28 dernières années…



Drew Barrymore : Je dirais qu’il y a eu des hauts et des bas. Je dirais que j’ai fait des erreurs. Mais c’est ce qui m’a permis de devenir plus forte. Ces erreurs du passé ont en quelque sorte forgé ma personnalité. Maintenant, il est difficile de faire un bilan Í  mon age, de penser Í  ce que j’ai accompli. Généralement, c’est Í  titre posthume qu’on en parle. Mais je peux dire une chose : ces dernières années ont été formidables pour moi. Je sens que je me suis donné tellement de challenges que j’ai découvert que je pouvais être disciplinée. J’ai travaillé très dur pour accomplir des choses que je n’avais jamais faites, comme la réalisation. J’estime que tout va pour le mieux aujourd’hui. A présent, je voudrais bien trouver un équilibre entre mon travail et ma vie. Mais bon, ma vie est liée au travail, donc quelque part, il n’y a pas vraiment de différence.

Ramzy : Est-ce que ce film, Trop loin pour toi, arrive au bon moment ?

Drew Barrymore : Je pense que oui. Je me reconnais dans ce film en tant que femme. Trop loin pour toi est très proche de la réalité. Nous voyageons tous. Nous n’avons pas envie de perdre une relation amoureuse, même Í  distance. Nous sommes pris par notre travail car nous voulons réussir notre vie professionnelle. Si nous devions sacrifier tout cela pour être avec quelqu’un, nous finirions par en vouloir Í  cette personne, et aucun des deux ne serait heureux. Mais d’un autre cÍ´té, si on ne se concentre que sur la réussite professionnelle, il y a des chances qu’on finisse tout seul. Tout est une question de choix, mais c’est très complexe. Maintenant, si on essaye d’y apporter un peu d’humour, boire un verre entre amis et en discuter librement, ça peut apporter des solutions. C’est ce que nous devrions faire. Prendre le temps de réfléchir aux solutions avec beaucoup d’humour et de manière positive. C’est un peu le message du film.

Ramzy : Tu parlais de ton expérience de la mise en scène (Bliss, avec Ellen Page, NDLR). Avec le succès de Bliss, je suis certain qu’on t’a fait plusieurs propositions. Quel genre de cinéma t’attire le plus ?

Drew Barrymore : L’action. J’ai envie de faire des films d’action. Il y a d’ailleurs beaucoup d’action dans Bliss. Mais je ne voulais pas tourner ces scènes de manière formelle. Je voulais Í  la fois quelque chose de nouveau et de cru en même temps. Je me suis d’ailleurs inspiré de La Castagne, le film de hockey avec Paul Newman (1977, NDLR) et de La Bande des quatre avec Dennis Quaid (1979, NDLR). Tu vois, des films qui font plus “tranche de vie” et o͹ la caméra joue le rÍ´le de l’œil humain. Des films o͹ il n’y a pas que des impacts et du sang. Oui, je veux faire des films d’action, mais je pense que je me planterais si je réalisais un film comme 2012. Je ne sais pas du tout comment faire un film de ce genre. Et puis, je n’ai pas envie de me réveiller chaque matin en pensant Í  la fin du monde (rires…). Non, sérieux, je n’aime pas trop les effets spéciaux sur Ordinateur, ce qu’on appelle le CGI. C’est vrai que c’est beau, c’est vrai que ça ajoute beaucoup de choses aux scènes d’action, mais je ne pourrais jamais faire ce genre de film.

Ramzy : Tu as déjÍ  un projet en tête.

Drew Barrymore : Oui, mais je suis quelqu’un de superstitieux. J’ai deux projets en route. Et mon seul critère est très simple : je veux me sentir aussi bien que lorsque j’ai fait Bliss. Quelle que soit la réaction du public, j’étais amoureuse de mon projet tous les jours pendant 3 ans. Et j’avais le feu sacré constamment en moi. Je veux donc être Í  nouveau amoureuse.

Ramzy : On peut parler de l’autre facette de Drew Barrymore ? Drew la photographe.

Drew Barrymore : C’est très gentil de ta part de l’évoquer. Je travaille toujours sur mon livre. J’ai eu une année bien remplie. C’est pourquoi ça a pris plus de temps que prévu. J’espère que ce sera prêt l’année prochaine. Pour l’instant, j’archive mes 25.000 photos. Et ça prend énormément de temps. De toute façon, je préfère ne pas aller trop vite. C’est vraiment un processus très particulier. Il y aura donc un livre et probablement une exposition en rapport avec la sortie du livre.

Ramzy : Tu es issue d’une grande dynastie d’acteurs. Est-ce qu’être une Barrymore a aidé ta carrière ?

Drew Barrymore : Absolument pas. Je suis fière d’appartenir Í  cette grande famille et Í  ce qu’elle a apporté au cinéma, mais nous n’avons jamais été proches. J’aurais aimé passer plus de temps avec eux. Mais bon, ils sont tous morts, donc ce n’est plus possible... (rires.) Je vois que ma blague n’est pas passée (rires…). En fait, d’une manière spirituelle, je me dis qu’il est normal que je fasse ce métier. Depuis 5 générations, ma famille a fait ce métier. Mais il aurait fallu aussi une vraie famille. C’est pour ça que je dis qu’il faut s’entourer de gens qu’on aime, qui nous font du bien et avec lesquels on peut rire et pleurer. Être stimulés. VoilÍ  la réponse.

Ramzy : Tu donnes beaucoup d’argent Í  la lutte contre la faim dans le monde. Pourtant, tu n’en parles jamais publiquement.

Drew Barrymore : Pour moi, c’est assez personnel. Je travaille main dans la main avec l’ONU. Je suis leur ambassadrice. Ça me donne un accès privilégié pour visiter tous ces endroits de la planète et constater de mes propres yeux ce qui s’y passe. Mais encore une fois, je le fais de manière très discrète. Je n’ai pas envie de voir ma photo sur un paquet de savon. Je ne suis pas assez intelligente et je pense que je ne me dévoue pas assez Í  toutes ces causes pour avoir mon propre savon. Je préfère me montrer comme quelqu’un de naͯf qui a envie d’apprendre plus sur notre monde. Depuis l’age de 7 ans, je voyage Í  travers le monde, je découvre d’autres langues, d’autres cultures, tout ce que les autres continents ont Í  offrir. Mais je le fais Í  titre personnel.

Propos recueillis par Ramzy Malouki