
Hilary Swank ne fait jamais la couverture des magazines Í scandale. Et pour cause. Elle ne sort quasiment jamais, évite les soirées VIP d’Hollywood, et ne s’affiche pas Í ce qu’elle appelle des événements inutiles. Pourtant, les photographes adorent Hilary Swank. Elle a la beauté des stars de l’age d’or d’Hollywood. Les réalisateurs la vénèrent. Après tout, elle a gagné 2 oscars. Ses collègues acteurs, eux, parlent d’une artiste qui respecte ses collègues et son métier. Richard Gere, qui partage l’affiche d’Amélia, son dernier film, jure qu’il tournerait de nouveau avec elle dès qu’elle le souhaiterait. Amélia, c’est Amélia Earhart, qu’on surnommait Miss Lindy parce qu’elle ressemblait physiquement Í Charles Lindbergh. Comme lui, elle était aviatrice, comme lui, elle a traversé l’atlantique en solitaire, et ce ne sont que quelques exploits d’Amelia Earhart, jouée par Hilary Swank dans ce biopic signé Mira Nair. Un drame d’aventure qui raconte la vie d’une pionnière de l’aviation qui a disparu au-dessus de la Polynésie en 1937. Son corps et son avion n’ont jamais été retrouvés.
Ramzy : Hilary, toute ta carrière, tu as joué des personnages très forts, engagés ou dangereux. Et toi, dans la vie, tu es aussi aventurière ?
Hilary Swank : Complètement. J'ai sauté en parachute, j’ai fait de la chute libre, du saut Í l'élastique. J'ai un peu appris Í piloter pour ce film. C'était vraiment l'occasion rêvée de le faire. J'aime toutes ces choses excitantes qui pimentent la vie.
Ramzy : Tu as vraiment appris Í piloter ?
Hilary Swank : Pour piloter un avion, il faut une licence. Je ne l'ai pas encore pour piloter toute seule. Et puis, il y a toujours des problèmes d'assurance quand on fait un film. Ils ne voulaient pas me voir arriver avec un platre pendant le tournage ! Mais, une fois que j'aurai fini la promo, je vais passer ma licence de pilote. D'ailleurs, Ewan McGregor, qui joue avec moi, a également appris Í piloter pour ce film et il m’a dit qu’il passerait aussi l’examen pour obtenir sa licence. On va faire des courses d'avions ensemble… on en a déjÍ parlé... (rires…)
Ramzy : Tu es Í l’origine de ce projet de film…
Hilary Swank : C'est surtout Ted Waitt, le producteur, qui a toujours été très passionné par l'histoire d'Amelia. Il a lu un nombre impressionnant d'articles et de livres sur elle, et plus il en lisait, plus il était convaincu qu'il y avait un film Í faire sur Amelia. Ensuite, il a financé le développement du scénario et une fois ce scénario abouti, il me l'a envoyé. Je suis la productrice exécutive du film. Cela veut dire que mon rÍ´le consistait Í réunir tous les éléments pour que le film soit le meilleur possible. Par exemple, ça faisait un moment que je voulais travailler avec Ewan McGregor. Pour moi, il était parfait pour interpréter Gene Vidal. Une fois qu’il m’a fait comprendre qu’il était intéressé, il a fallu que je me batte avec ses avocats et ses agents pour les convaincre. J’ai fait tout cela depuis mon fauteuil de maquillage pendant le début du tournage d'Amelia. VoilÍ , c’est juste pour te donner une petite idée de mon rÍ´le de productrice.
Ramzy : Qu’est-ce que tu as appris sur Amelia en faisant ce film ?
Hilary Swank : Amelia et moi avons beaucoup de choses en commun. J'ai ce cÍ´té aventurier qu'elle avait aussi. Ce que j'ai vraiment ressenti et qui m'a beaucoup inspiré, c'est le fait qu'elle n’hésitait pas Í vivre la vie qu'elle souhaitait, ce qui était choquant dans les années 20 ou 30. Même Í notre époque, il n’est pas facile pour une femme de mener la vie qu’elle souhaite mener. Amelia nous rappelle bien que la vie est trop courte et qu'il faut en profiter au maximum.
Ramzy : Tu dis que c’est toujours aussi dur pour les femmes de vivre la vie qu’elles souhaitent ?
Hilary Swank : A l'époque d'Amelia, vivre Í fond son rêve était vraiment un truc d'hommes. Maintenant, je crois que c'est vraiment ce que chacun de nous souhaite. Dans notre vie, Í un moment ou Í un autre, on regarde ce qu'on fait et o͹ on en est, et on réalise qu’on a réalisé le rêve de nos parents ou celui de notre époux, mais pas forcément le nÍ´tre. Ou alors, on se dit qu'on vit uniquement pour nos enfants et qu'on oublie de s'occuper de soi. Au départ, on a tous une idée de ce qu'on veut faire et ensuite, on s'écarte un peu de ce chemin Í cause des contraintes de la vie. Qu’importe ce que pensent les gens, si c’est le bon choix ou pas. Ce que nous avons envie de faire de notre vie, pour moi, c’est vraiment un challenge.
Ramzy : L’avion et le corps d’Amelia n'ont jamais été retrouvés...
Hilary Swank : Non, même pas un os ou un débris d'avion. Du coup, plein de rumeurs ont été étalées. Elle aurait été enlevée par les Japonais, elle aurait atterri sur une Í®le déserte, elle était une espionne, elle n'avait plus d'essence... En apprenant Í piloter, j’ai pu calculer tous les éléments nécessaires Í sa trajectoire. La vitesse en fonction du vent par exemple. Si on ne connaÍ®t pas les conditions météo Í chaque minute de vol, on peut dériver de 25 kilomètres par rapport Í la trajectoire pendant cette même minute. Personnellement, je suis persuadée qu'elle est vraiment arrivée Í Holland Island, sa destination prévue, qu'elle a bien passé ce point sur la carte. Mais comme il n'y a pas de débris, on peut imaginer le reste. C'est d'ailleurs pour cela que nous n’avons pas raconté cet épisode dans le film. On ne connaÍ®t toujours pas la vérité.
Ramzy : Tu serais capable de risquer ta vie pour atteindre un rêve ?
Hilary Swank : J'ai du mal Í croire que ça fait 10 ans, mais quand je vois tous les superbes films que j'ai faits durant cette décennie, je me sens vraiment humble. Après “Boys Don't Cry”, je me suis dit qu’on ne pourrait pas renouveler cette expérience et qu'un film pareil, on ne le faisait que tous les 25 ans. Et 5 ans après, il y a eu “Million Dollar Baby”, puis d'autres superbes films comme “Ecrire pour exister”, et aujourd’hui, “Amelia”. C'est génial d'avoir autant d'opportunités. Cela me rassure aussi. Je n'ai vraiment plus Í stresser en me disant "il faut que je trouve un autre grand rÍ´le". Je peux et je vais continuer sans me reposer sur mes lauriers, en trouvant des choses qui me plaisent, qui me font peur et qui sont intéressantes.
Ramzy : Tu as été mariée par le passé et maintenant, tu es en couple avec ton agent, John Campisi. Tu vois le mariage dans ton avenir ?
Hilary Swank : C'est marrant, Richard Gere, dans le film dit : “Partager sa vie avec quelqu'un, c'est cela qui rend la vie extraordinaire”. C’est vrai que c’est magnifique de partager toutes ces expériences avec quelqu'un qui les comprend et qui les apprécie. On peut grandir et évoluer ensemble. Ça implique aussi beaucoup de travail, et si les deux personnes sont prêtes Í faire ce travail, alors, on peut effectivement rester sur la même voie. On ne sait jamais vraiment pourquoi une relation fonctionne ou pas. Je ne sais pas comment la mienne évoluera. Je vis au jour le jour et c'est parfait ainsi. J'aimerais beaucoup avoir des enfants. C'est vraiment un de mes rêves, mais je ne sais pas quand, le temps me le dira sÍ»rement.
Propos recueillis par Ramzy Malouki