Interview de Léonardo Di Caprio

Qu’on se le dise : Di Caprio n’est plus la star la plus adulée du monde. Précision : il n’est plus la star la plus adulée par les adolescents

Interview de Léonardo Di Caprio

Qu’on se le dise : Di Caprio n’est plus la star la plus adulée du monde. Précision : il n’est plus la star la plus adulée par les adolescents. Cette tranche d’age, connue pour être ingrate, a remplacé les affiches de Léo par celles de Zac Efron et Robert Pattison. Di Caprio est d’ailleurs ravi. A 35 ans, il ne ressent plus aucune pression et prouve, qu’Í  l’inverse de certains acteurs et actrices, il est possible Í  Hollywood de commencer jeune et de se bonifier avec l’age, sans aucun scandale. Depuis quelques années, Di Caprio a trouvé des rÍ´les Í  la mesure de son talent. Des rÍ´les dramatiques pour la plupart, grace Í  Martin Scorsese, devenu depuis son mentor. Di Caprio remplace ainsi Robert De Niro, même si les deux acteurs sont proches. Ce sont d’ailleurs Léonardo Di Caprio et Robert De Niro qui ont remis, ensemble, le prix Cecil B. de Mille Í  Martin Scorsese Í  la dernière cérémonie des Golden Globes.
Il semblerait que depuis que Scorsese collabore avec Di Caprio, ses films deviennent plus rentables. Est-ce une bonne chose ? Ni l’acteur ni le réalisateur ne se posent la question. Shutter Island, leur nouveau film, bat tous les records au Box Office. Shutter Island, c’est l’adaptation plus que fidèle du roman du même nom, écrit par Dennis Lehane. Je dois avouer qu’il est impossible d’expliquer Shutter Island. Il faut le voir pour le ressentir. Et j’avoue que je ne suis pas le seul dans ce cas. Je me contenterai donc de “pitcher” le film.
Dans Shutter Island, deux flics joués par Di Caprio et l’excellent Marc Ruffalo débarquent sur une petite Í®le pour faire toute la lumière sur la mystérieuse disparition d'une patiente enfermée dans un hÍ´pital psychiatrique. Ils sont accueillis par des docteurs qui semblent cacher quelque chose d'important. Une tempête oblige les 2 policiers Í  rester quelques jours de plus. Très rapidement, ils vont être confrontés aux démons du passé.

Ramzy : Comment peut-on parler de ce film sans révéler l’intrigue ?

Léonardo Di Caprio : C'est intéressant, car je ne sais jamais trop o͹ commencer et o͹ finir. Mais c'est ce que voulait Scorsese. Martin voulait un parcours émotionnel pour le spectateur. Une sorte de “montagnes russes” psychologiques o͹ on ne sait même pas quoi ressentir Í  la fin du film. Quand on regarde la bande-annonce, on remarque que Shutter Island est vendu comme un thriller psychologique, Í  la Hitchcock. C’est le cas, mais Scorsese a cherché avant tout Í  peindre une toile. Celle de la nature humaine. Il s’est surtout concentré sur les émotions des personnages. Il y a du suspense dans ce film, mais c’est avant tout une exploration. C’était le cas dans d’autres films qu’il a réalisés. Je pense Í  Taxi Driver ou Raging Bull, par exemple. Ces deux films en particulier traitent du cÍ´té obscur de l'humanité et cela, bien sÍ»r, nous met parfois mal Í  l'aise. Avec Shutter Island, le public s'attend Í  quelque chose mais quand les spectateurs iront au cinéma, ils verront quelque chose de complètement différent.

Ramzy : Parle-moi de ta relation avec Martin Scorsese.

Léonardo Di Caprio : Je vais essayer de le faire brièvement. Je me connais, je pourrais en parler pendant des heures ! Depuis que je suis jeune, j'ai toujours voulu être acteur et rencontrer un professeur et un mentor comme lui. Il est génial. Il m'a appris Í  regarder les films avec une approche artistique. C’est un véritable historien du cinéma. Etre près de lui, c'est la garantie d’avoir une immense source d'informations. Il a des références et un savoir qui l'inspirent constamment. Même ses propres films sont une source d'inspiration pour lui. Quand il s'embarque sur un nouveau projet, il rêve la nuit de plusieurs scènes de films qu’il a vus. Ensuite, il ira voir le film pour essayer de comprendre pourquoi il en a rêvé. Ce qui est extraordinaire, c’est le fait que nous sommes Í  ses cÍ´tés pendant ce processus. Et crois-moi, il faut prendre le train Scorsese en marche et se jeter Í  l’eau. Mais on apprend tellement de choses. J’ai tellement de chance d’avoir déjÍ  fait quatre films avec lui. J'en ferais mille de plus si je le pouvais. Scorsese a un tel savoir et un regard si particulier sur le cinéma. Je ne m’en lasserai jamais.

Ramzy : Ton personnage dans le film fume comme un pompier. Tu fumes toujours ?

Léonardo Di Caprio : Non, j'ai arrêté de fumer. Je fume le cigare de temps en temps mais j'ai arrêté de fumer des cigarettes et j'en suis très fier. Je dois avouer que cela a été très difficile d'arrêter. J'ai lu plein de bouquins sur le sujet. C'était vraiment dur parce que tu es vraiment dépendant de la clope. Je recommande Í  tous ceux qui fument d'arrêter. Ça fait un an et demi maintenant que j'ai arrêté. Je tiens le coup en faisant gaffe Í  ce que je mange et en faisant de l’exercice. Mais bon, jamais trop ! (rires…) Quand je fais un film, je m'occupe un peu de moi mais quand je ne tourne pas, je me laisse un peu aller.

Ramzy : Tu es au courant ? Titanic n'est plus le plus gros succès de l'histoire du cinéma. Ça te fait quoi ?

Léonardo Di Caprio : D'abord, je tiens Í  féliciter l'équipe d'Avatar. Franchement, je n'avais pas regardé les chiffres de près avant que tout le monde en parle. Je leur tire mon chapeau et j'espère qu'ils vont faire encore plus d’argent. Pour moi, Titanic m'a offert une opportunité énorme puisque mon nom y était attaché. J'ai pu financer d'autres films grace Í  cela. Mais Titanic a fait son bout de chemin. C'est toujours comme ça. Il y aura d’autres films Í  l'avenir qui battront de nouveaux records. Le cinéma se développe sous nos yeux et c'est génial. J'ai vraiment aimé Avatar, c'était une expérience unique en tant que spectateur. Je n'ai jamais vu quelque chose de la sorte. James Cameron a créé un monde virtuel dans lequel on est complètement absorbé et auquel on croit, c'est très dur Í  faire. Je leur dis : "Bravo".

Ramzy : On revient Í  ta biographie. Tu te souviens de tes premiers rÍ´les ?

Léonardo Di Caprio :Je ne suis pas arrivé ici par accident, j'ai toujours voulu être acteur. J'ai eu de la chance en faisant This Boy's Life, avec Robert De Niro, puis Gilbert Grape avec Johnny Depp. Ces deux films m’ont permis de jouer de superbes personnages. Je me souviens du tournage de Gilbert Grape. Lasse Halstrom, le réalisateur, me laissait vraiment faire tout ce que je voulais, même mettre une pagaille monstre sur le plateau pour pouvoir jouer un personnage plein d'émotions qui réagit spontanément Í  ce qui lui arrive. Depuis, je ne me suis jamais cantonné Í  une ligne de conduite particulière. A chaque nouveau film, je deviens Í  nouveau un gamin. Pendant que les gens parlent de choses sérieuses, on s'amuse. Le cinéma est notre terrain de jeu. En général, quand on joue un personnage, il faut toujours l'adapter Í  l'histoire ou Í  la situation. C'est notre responsabilité, surtout lorsqu’on interprète le personnage principal. Mais de ne pas avoir la pression de cette responsabilité, tu ne peux pas savoir Í  quel point ça me libère. Je ne peux même pas le décrire. Quand on s'engage pour un film, il faut transporter le public avec soi. Mais quand tu as la chance de pouvoir faire ce que tu veux, c'est très différent.

Ramzy : Tu as 35 ans. Comment vois-tu les choses maintenant ?

Léonardo Di Caprio : Tout va bien ! Je ne vais pas entrer dans les détails de ma vie mais les deux derniers films que j'ai faits étaient très difficiles. Je viens d'avoir 35 ans. Il est temps de prendre les choses au sérieux. Je veux faire en sorte que quoi que je fasse, ce sera pour les bonnes raisons. On verra o͹ cela me mènera. Je ne veux pas rentrer dans les détails car je ne suis pas sÍ»r moi-même de quoi je parle ! (rires…). J'ai eu beaucoup de chance, j'ai pu faire beaucoup de choses, mais en ce qui concerne mon travail, je ne suis jamais satisfait. Je pense qu'il y a toujours d’autres bons films Í  faire et d’autres expériences. Je ne sais pas ce que je vais faire par la suite, mais j'ai envie de m'investir davantage dans des œuvres de charité. Donner aux autres me remplit de quelque chose de bizarre. Plus on donne et plus on a ce sentiment de faire quelque chose d'important pour la Terre ou pour les hommes. C'est quelque chose que j'ai réalisé récemment. Ça m'encourage Í  prendre les décisions que j’ai prises et les responsabilités que j’ai vis-Í -vis des œuvres caritatives. C'est dans ce sens que je vais continuer.

Propos recueillis par Ramzy Malouki