Interview de Peter Cincotti

Première place au classement du Billboard Magazine section jazz, habitué des plus grands festivals de jazz, Montreux, Montréal, disque d'or en Fran

Interview de Peter Cincotti

A 29 ans, il est déjÍ  tout en haut de l'affiche...
Première place au classement du Billboard Magazine section jazz, habitué des plus grands festivals de jazz, Montreux, Montréal, disque d'or en France, Peter Cincotti n'a plus Í  rien Í  prouver.
Il écrit, chante et joue pour le plaisir. Le sien et le nÍ´tre. Avec son allure de jeune homme bonne famille, la mèche pourtant un rien rebelle, ce déjÍ  grand du jazz passe avec la même élégance des standards revisités comme "I love Paris" Í  des reprises plus étonnantes comme "The love is gone" de David Guetta.
Mais il est surtout connu pour ses propres titres comme "Good by Philadelphia" ou "Are you the one" o͹ sa voix envoÍ»tant fait chavirer les cœurs de 17 Í  77 ans...

S’il venait Í  Tunis nul doute qu’il ferait des ravages …


Avec la musique comme seule préoccupation, le jeune chanteur illustre parfaitement l'adage selon lequel l'étoile ne brille pas parce que c'est sa volonté mais parce que c'est sa nature… Et Peter Cincotti est évidemment brillant.

Détendu, souriant et avenant Peter Cincotti a répondu aux questions avec aisance et sobriété.


Si on reprend les choses dans l'ordre, tu as commencé Í  jouer du piano Í  3 ans, quand tu en as reçu un ‘faux’ pour ton anniversaire
.

J’ai effectivement reçu un piano jouet pour mes 3 ans, offert par ma grand-mère, qui m’a aussitÍ´t appris Í  jouer ‘Happy Birthday’. Dès cet instant, je ne me suis plus jamais arrêté ! J’ai joué dessus pendant Í  peu près une année, ensuite nous en avons eu un vrai Í  la maison.

Certains membres de ta famille sont-ils musiciens ou est-ce juste venu… ‘comme ça’ ?

Non, il n’y a pas de musicien autour de moi. Cela étant, il y avait toujours de la musique dans la maison. Ma grand-mère paternelle chantait tout le temps ; ma mère est très artiste – tout comme ma sœur – et nous écoutons tous de la musique Í  longueur de journée. Puis, quand tu grandis Í  New York, tu entends de la musique dès que tu sors, par exemple les concerts au Madison Square Garden. J’ai toujours baigné dans la musique.

Tu as apparemment reçu un ‘birthday package’ dans lequel on trouve le charme, le talent et la créativité. Comment vis-tu le fait d’avoir tout ceci pour toi ?

Je ne sais pas ! C’est vraiment difficile pour moi de répondre dans la mesure o͹, quand j’y repense, je n’ai jamais imaginé faire quoi que ce soit d’autre. Lorsque j’avais 4 ou 5 ans et qu’on me demandait ce que je voulais faire comme métier, j’ai toujours dit ‘musicien’. Depuis tout petit, j’ai eu des tonnes de visions qui vont dans ce sens-lÍ … et j’en ai toujours.

A l’origine, c’était plutÍ´t un rêve, un besoin, un désir ?

Chacun des trois !

Chose rare, tu cumules les casquettes de grand technicien, d’interprète, puis de compositeur et de parolier, chacune faisant appel Í  des ressources très différentes. Dans quel ordre les revêts-tu ?

D’habitude, c’est la musique qui vient en premier. Sur cet album, j’ai travaillé en binÍ´me avec John Bettis, qui est un incroyable parolier, ce qui fait que j’ai vraiment beaucoup appris. Oui, il s’agit d’un processus très différent, mais que dire… Je ne sais pas… Ça vient.

D’un coup ?

Des fois ! Les choses biens viennent très vite (il claque ses doigts). Pour d’autres, il y a besoin d’un peu plus de travail.

Qu’est-ce qui t’inspire pour tes chansons ? Des petites choses de la vie, ce que tu as en toi ?

Les deux. Ça change. Je n’ai aucune idée de quand ça va venir – ou ne pas venir. Comme ton humeur, tu ne peux pas dire : ‘lundi prochain je serai de super humeur’ ou ‘mardi prochain je serai de mauvais poil’ ! Impossible de le savoir ou de le prédire. Comme la plupart des artistes, j’adore écrire sur la route et, parfois, les idées viennent au mauvais moment. Ce n’est pas comme si on pouvait se dire Í  soi-même : ‘maintenant je vais écrire’ et paf ! ça arrive.

As-tu déjÍ  essayé ?

J’ai découvert – Í  ma grande surprise – que si tu te prépares une plage de temps suffisante, tu trouves l’inspiration. Il faut donc beaucoup bosser. Il ne s’agit pas juste d’attendre de se sentir d’une certaine façon, je pense que si tu t’assois et que tu t’entraÍ®nes un maximum, tu arrives Í  sortir des choses. C’est donc un mélange des deux. Mais il y a des fois, tu as beau essayer, ce n’est pas ton jour et… c’est comme n’importe quoi d’autre !

Je sais qu’Erroll Garner est l’un des jazzmen que tu admires et qui t’a beaucoup inspiré. VoilÍ  l’un de tes plus grands atouts : tu mixes avec brio le ‘vieux’ et le ‘neuf’.

Effectivement, mon background, c’est le jazz. Cela dit, dans mon album il y a de tout et, de manière générale, j’aime savoir ce qui a précédé chaque style, connaÍ®tre l’histoire de la musique. Il y a eu une époque o͹ la pop – soit la musique du moment – c’était le jazz ! Sur mon parcours, je suis donc repassé par les années 20, 30, 40, 50 et… toutes ! J’ai grandi avec beaucoup de pop, de nombreux chanteurs Í  voix, beaucoup de jazz et, comme je l’ai mentionné précédemment, New York est si éclectique ! Cela dit, maintenant, quand j’écris, je ne pense Í  plus rien en particulier.

Tu veux dire que tu fais ton propre truc, avec un petit peu de tout ?

Je pense que c’est comme ça que ça marche ! Pour tous les artistes, il y a des influences puis vient la créativité.

Est-ce le marché de la musique qui t’influence ou toi qui influences le marché ?

Quelle est la réponse Í  cette question, Í  ton avis ? Que penses-tu que je vais répondre (me demande-t-il avec un sourire malicieux) ?

A mon sens, les deux. Il s’agit d’une interaction.

Oui, c’est une interaction ! On retrouve des éléments tout Í  fait actuels dans ma musique. Il y a tout un tas de choses que j’aime… et tout un tas de choses que je n’aime pas. Donc, quand j’entends un air qui me touche, c’est un grand moment. Mais je fais de la musique pour moi, je ne joue pas ‘pour le marché’.

Ce qui n’empêche que le marché est très content de t’avoir !

Et c’est une sensation agréable.

Explique-moi ton rapport Í  la notoriété. Avoir des fans qui te crient qu’elles t’aiment, savoir qu’il y a des gens du monde entier qui t’écoutent : comment gères-tu tout ceci ? Quand j’écoute ta musique, je sens de la tendresse, une certaine paix intérieure qui se dégage de tes chansons. Du haut de tes 29 ans, tu sembles être (déjÍ ) empli de sagesse.

C’est la musique qui est la base de tout ceci et qui fait de moi ce que je suis. La presse, les médias, la notoriété, tous ces trucs, c’est dans une catégorie complètement séparée pour moi. En toute franchise, je suis en ce moment même en train d’expérimenter ce phénomène, de devoir y faire face et… je le regarde de loin, simplement parce que je ne sais pas être autrement. Tu as probablement un meilleur point de vue, toi, pouvant être comparé Í  celui d’un oiseau : depuis les montagnes, tu es capable d’analyser, de voir ce qui se passe au sol. Dès le moment o͹ tu es toi-même au sol, tu ne vois plus rien. C’est comme ça que je ressens les choses et c’est pour cela que ma base, mon socle est ce qui va se passer le soir sur scène. C’est ce qui mène le bateau. Je suis reconnaissant vis-Í -vis de toutes ces personnes qui viennent nous voir ou qui restent après les concerts. Sans eux, je ne pourrais pas faire ce que je fais. L’énergie qui vient du public a une action directe sur notre jeu : ce n’est pas juste un concert normal d’un quelconque groupe pop qui vient servir ses chansons, et c’est tout. Il y des plages pour l’improvisation sachant qu’il y a volontairement une certaine marge de liberté dans les arrangements. VoilÍ  ce qui fait toute la différence, pour nous, et qui rend les choses si intéressantes. En conséquence, le résultat final dépend complètement de la manière d’être du public, mais aussi de la nÍ´tre, soit de l’échange constructif qu’il y a entre les deux.

Ton nouvel album est un mélange de plein de styles différents. Le suivant va-t-il être dans la même veine ?

Si je pouvais en avoir la moindre idée ! Je vis Í  fond l’album actuel, c’est ma priorité. Je m’y consacre intégralement et ne pourrai pas savoir ce que sera la prochaine étape avant que celle-ci soit terminée.

Dernière question, orientée famille : êtes-vous un ‘clan’ très soudé ? Ta mère, qui a aussi été ton manager, t’a par exemple écrit des paroles…

Oui, ma famille est très importante. Sur mon premier disque, ma mère a écrit trois chansons. A l’époque, je n’écrivais pas, j’avais composé une musique et lui ai simplement demandé de me trouver des paroles… ce qu’elle a fait avec plaisir ! Et voilÍ , c’était juste pour se marrer, c’est tout. Après j’ai commencé Í  écrire sur mon deuxième album et… je l’ai donc virée (rires). Non, au-delÍ  de la plaisanterie, ma famille est très impliquée ; elle a toujours été proche.

Jet Set : Dernière question, orientée famille : êtes-vous un ‘clan’ très soudé ? Ta mère, qui a aussi été ton manager, t’a par exemple écrit des paroles…

Oui, ma famille est très importante. Sur mon premier disque, ma mère a écrit trois chansons. A l’époque, je n’écrivais pas, j’avais composé une musique et lui ai simplement demandé de me trouver des paroles… ce qu’elle a fait avec plaisir ! Et voilÍ , c’était juste pour se marrer, c’est tout. Après j’ai commencé Í  écrire sur mon deuxième album et… je l’ai donc virée (rires). Non, au-delÍ  de la plaisanterie, ma famille est très impliquée ; elle a toujours été proche.

Et d’o͹ te vient ton nom de famille, vraisemblablement italien ?

De mes grands-parents. La famille de mon grand-père est originaire de Naples, celle de ma grand-mère de Plaisance.

Propos recueillis par par Martine
http://www.murmures.info