Interview de Ragheb Alama

Je ressens que la chanson plaÍ®t ou non quand je la présente devant mon public, pas avant. Je sais seulement o͹ je suis arrivé et de quoi j’a

Interview de Ragheb Alama

Jet Set : Il y a de ça 5 ans, on s’est rencontré ici Í  Gammarth. C’était encore la période de « Tab Lih », et depuis, vous avez sorti un succès après l’autre. Comment faites-vous pour dénicher les idées et est-ce que vous savez, avant même leur sortie, si ça va faire du bruit ?

Je ressens que la chanson plaÍ®t ou non quand je la présente devant mon public, pas avant. Je sais seulement o͹ je suis arrivé et de quoi j’ai besoin, et surtout qu’attend de moi le public. A partir de lÍ , je m’oriente vers une direction, j’écoute beaucoup de chansons, j’en enregistre aussi puis je garde celles qui me plaisent, qui ne m’ennuient pas. Puis je travaille sur la distribution, sur la façon de les chanter, sur les clips… Une chanson est un grand projet qui demande une vision large et beaucoup d’investissement professionnel et personnel.

Jet Set : Parlez-nous de votre nouvel album.

Je suis en train d’enregistrer un nouvel album qui sera prêt dans deux mois. Cette fois, j’ai décidé de faire un album simple et facile. Il est très différent des autres, bien sÍ»r, et sur différents points, mais on y retrouve toujours l’expérience de Ragheb. J’espère que ça va plaire, mais je sens que les gens vont l’apprécier.

Jet Set : Vous avez choisi le titre de l’album ?

Je n’ai pas encore décidé, mais en général je choisis un titre qui attire. Peut-être que je vais l’appeler « Baw’edek ».

Jet Set : Est-ce que vous avez dans ce nouvel album une ou plusieurs chansons que vous préférez ?

Oui, 4 ou 5 qui seront, je pense, dans le hit parade. Ce sentiment n’engage que moi, mais en général, j’ai du flair.

Jet Set : Vous n’écrivez toujours pas vos chansons ?

Non, je participe beaucoup Í  la création de toutes mes chansons, c’est un projet personnel sur lequel je travaille, mais j’ai des auteurs, des compositeurs et des distributeurs qui travaillent pour moi. Je choisis selon ce que je peux ressentir par rapport aux idées qui me sont présentées.

Jet Set : Vous avez chanté dans le monde entier, et vous avez des admirateurs dans tous les pays, même aux Etats-Unis, est-ce que le public est différent ?

Le public arabophone est plus connaisseur, il vient pour voir son artiste, il l’aime sincèrement, le comprend et le lui montre, alors que le public occidental vient plus par curiosité, pour voir une nouvelle chose. Je crois que c’est incomparable. Même de mon cÍ´té, je me sens plus proche d’un public arabe et plus sensible aussi.

Jet Set : Depuis quelque temps, les artistes arabes s’inspirent de la musique européenne, ils utilisent des instruments modernes qui ne sont pas forcément d’origine orientale et vice versa. Est-ce que vous voulez ou est-ce que vous avez déjÍ  travaillé avec des artistes occidentaux ?

Il y a une idée qui cogite mais je ne peux pas en dire plus car je n’en ai malheureusement pas le droit. Ce que je peux vous dire, c’est que c’est un projet qui va se faire aux Etats-Unis.

Jet Set : Est-ce que vous avez commencé Í  tourner quelques nouveaux clips ? Sinon, avez-vous des idées déjÍ  en place ?

Non, pas encore, je veux d’abord terminer d’enregistrer les chansons puis je préparerai les clips, c’est Í  ce moment-lÍ  que les idées commencent Í  mÍ»rir pour tout ce qui est choix du sujet, des endroits, du pays…

Jet Set : Parlez-nous de vos relations avec les maisons de production ?

Je travaille avec une maison qui s’appelle Back stage production et c’est cette même maison qui après s’occupe de la distribution. Mais il faut préciser que j’aime ma liberté et que ma façon de travailler est différente de celle des artistes qui ont signé des contrats assez stricts avec des distributeurs comme Rotana ou autres. C’est une méthode que je n’aime pas et que je n’accepte pas.

Jet Set : Vous êtes un ami fidèle de notre pays, quel est votre rapport avec la Tunisie ?

Avant tout, j’aime le peuple tunisien, et j’aime la Tunisie en tant que pays avec le charme de sa nature. Et enfin, quand je ne visite pas la Tunisie, elle me manque. Mes enfants aiment beaucoup ce pays, j’y ai emmené toute ma famille en vacances, et chaque fois que je dois revenir, ils me supplient de les amener avec moi. D’ailleurs, le projet d’acheter une maison Í  Gammarth est Í  l’ordre du jour, je vais probablement le faire très prochainement.

Jet Set : Pour revenir Í  Ragheb et son public, est-ce que vous préparez vos concerts, est-ce que vous interagissez avec le public ?

Je ne prépare jamais ce que je vais chanter, c’est le public qui demande, j’ai ma troupe qui est prête Í  jouer toutes mes chansons, des plus anciennes aux plus récentes.

Jet Set : Avec tout ce qui se passe au Liban et dans le monde, est-ce que vous n’avez jamais pensé Í  faire une chanson engagée ?

Si, il y a un projet de chanson sur l’environnement, c’est un grand projet musical qui se fera en collaboration avec les Nations Unies et un grand nombre d’artistes du monde entier. Ce sera un message universel qui, je l’espère, aidera les gens Í  prendre conscience des dangers qui nous guettent si on ne fait pas plus attention Í  l’environnement et Í  la préservation de la nature.

Jet Set : A votre avis, comment va le Liban ?

Le Liban est un beau pays, son peuple aussi, mais sa politique est défaillante, elle est construite sur des bases erronées, ce qui a laissé la place au racisme et aux conflits entre religions et partis politiques. Et puis sa situation géopolitique n’arrange pas les choses, on est entre la Syrie et la Palestine, ce qui ne favorise pas la stabilité du pays. Cela n’empêche pas le peuple de vivre, la qualité de vie qu’on voit au Liban est difficile Í  trouver ailleurs, même le désordre qu’on y trouve est délicieux.
Je souhaite vraiment que les choses changent, ça prend du temps mais je crois qu’on va y arriver. Aujourd’hui, le pays est partagé entre les mains des hommes politiques, chacun prend sa part et ne pense pas au peuple libanais.

Jet Set : Une vie de star n’est pas toujours facile Í  vivre quand on a une famille, vous trouvez le temps de les voir ?

J’essaie de donner Í  chaque chose le temps qu’il lui faut, ma famille, mon métier et aussi moi-même.

Jet Set : Après plus de 20 ans de carrière, vous n’avez jamais pensé ralentir un peu la cadence ?

Le jour viendra o͹ je me reposerai un peu mais pour le moment, j’ai beaucoup d’énergie Í  dépenser et j’ai dans la tête énormément de chansons que je veux réaliser.

Jet Set : Si un jour un de vos enfants vient vous dire qu’il veut faire le même métier que vous, quelle serait votre réaction ?

Gibrane Khalil Gibrane a dit : « Vos enfants ne vous appartiennent pas, ils appartiennent Í  la vie ». Mon rÍ´le est de les éduquer, les aimer et les aider Í  affronter la vie. Mes enfants sont les êtres les plus chers Í  mon cœur, j’ai pour eux un amour inconditionnel et je suis prêt Í  faire tout ce qui est en mon pouvoir pour les satisfaire. J’ai essayé depuis qu’ils sont petits de les éduquer suivant les principes de l’indépendance et de la liberté. Quand on me voit avec eux, on peut dire que je suis plus leur ami que leur père. Je les suivrai dans tous leurs choix, mais je voudrais surtout qu’ils fassent des études puis ils feront ce qu’ils voudront.

Jet Set : Est-ce que vous avez envisagé de faire du cinéma ou de la télé ?

Je ne ferai jamais l’acteur, c’est impossible. Je suis naturel et je n’aime pas jouer des rÍ´les.

Jet Set : Comment décrivez-vous votre rapport avec le public tunisien ?

C’est un rapport fusionnel, une grande histoire d’amour.

Jet Set : Vous aimeriez chanter une chanson tunisienne ?

Ça aussi c’est un projet en cours. D'ailleurs, Ghazi Ayadi m’a composé une très belle chanson sauf qu’elle est en égyptien. On en a parlé, et j’espère qu’on va en enregistrer une en tunisien dans un futur proche.

Jet Set : A part votre album, quels sont vos projets ?

J’ai plusieurs concerts et je suis très impliqué avec les Nations Unies pour défendre l’environnement, c’est un sujet qui me tient beaucoup Í  cœur, ce qui me prend aussi pas mal de temps. J’aime parler aux étudiants de mon pays et leur expliquer l’importance de l’environnement.

Jet Set : O͹ allez-vous après la Tunisie ?

J’emmène mes enfants Í  Paris pour les vacances de Paques, puis au derby de Barcelone, et ensuite je pars pour Singapour pour un concert.

Jet Set : Vous aimez le foot ?

Oui et ce n’est pas par complaisance, mais je trouve que vous avez un football de très bon niveau, vous avez de très bons joueurs au niveau international et ça, ça veut tout dire. Au Liban, le foot est politisé aussi, les matchs se jouent sans public car ils ont peur que ça dégénère.

Propos recueillis par Neͯla Azouz

Pascale et Neila Azouz

Portrait Chinois

Le bonheur parfait selon vous ?

La santé.

O͹ et Í  quel moment vous êtes-vous senti le plus heureux ?

A la naissance de mon fils Khaled, c’était le plus beau moment de ma vie.

La dernière fois que vous avez pleuré ?

Quand j’ai vu les bombardements israéliens sur le Liban, les ambulances remplies d’enfants qui brÍ»laient… Je pleure chaque fois que je vois des enfants souffrir.

Votre dernier fou rire ?

En regardant un film.

Le principal trait de votre caractère ?

Je suis toujours mes envies et mon humeur.

Celui dont vous êtes le moins fier ?

Je suis toujours mes envies et mon humeur.

La qualité que vous préférez chez un homme ?

Qu’il soit un homme dans tous les sens du terme.

La qualité que vous préférez chez une femme ?

Qu’elle ait de l’esprit, un certain degré de beauté, qu’elle soit propre, qu’elle sente bon, qu’elle soit intelligente, surprenante, élégante… voilÍ , c’est Í  peu près l’essentiel.

Votre plus grande peur ?

L’avenir, l’inconnu.

Que possédez-vous de plus cher ?

Mes enfants.

Que détestez-vous par-dessus tout ?

L’hypocrisie.

Qu'appréciez-vous chez vos amis ?

Leur bon cœur et leur fidélité envers notre amitié. Il faut aussi savoir garder ses amis.

La ville o͹ vous aimeriez vivre ?

Je ne veux pas habiter dans un pays arabe car ma tranquillité en prend un coup, je suis connu et ça peut être assez fatigant. J’aimerais habiter Í  Paris par exemple.

Quel est le comble de la misère ?

L’injustice.

Quel est le comble de la bêtise ?

L’égocentrisme.

Si vous étiez un sens ?

L’odorat. J’aime les bonnes odeurs, je peux aimer ou détester une femme juste avec son odeur.

Si vous étiez une chanson ?

Y rayt fini akhabbiha.

Si vous étiez un endroit ?

Gammarth

Si vous étiez un film ?

Law-Abiding Citizen.

Si vous étiez un mot ?

Amour.

La voix que vous aimez ?

Feyrouz.

Quels sont vos chanteurs préférés ?

Abdelhalim, Wadi Essafi, Nasr Chamseddine.

À quoi avez-vous renoncé pour faire votre métier ?

Je n’ai pas fini mes études, mais si j’avais l’opportunité de revenir en arrière, je referais la même chose car j’ai appris de la vie, de mon métier et de mon succès plus que je ne pourrais apprendre en faisant des études.

Qu'aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

Une voiture.

Comment vous voyez-vous dans 20 ans ?

A la retraite, entouré de ma famille.