Interview de Wesley Snipes

Wesley is back. Wesley est de retour. Et il n’a pour ainsi dire pas changé. Wesley Snipes, la star des films d’action des années 90. Wesley, le

Interview de Wesley Snipes

Wesley is back. Wesley est de retour. Et il n’a pour ainsi dire pas changé. Wesley Snipes, la star des films d’action des années 90. Wesley, le champion d’arts martiaux, l’homme qui a lancé la franchise « Blade ». Wesley, le diplÍ´mé de la célèbre « Fame », le danseur du clip « Bad » de Michael Jackson, le prix d’interprétation masculine Í  Venise, le producteur de « Down in the Delta ». Wesley, c’est tout cela.

Wesley a disparu de la circulation il y a quelques années après des ennuis avec la justice. Aux USA, on ne rigole pas avec l’IRS, le Fisc. Même Al Capone, Í  l’époque o͹ il régnait en maÍ®tre, était tombé pour une vulgaire histoire d’impÍ´t. Mais la comparaison s’arrête lÍ . Wesley Snipes n’a jamais été gangster, loin de lÍ . Il n’a jamais commis de crime. Et c’est peut-être ce qui l’a sauvé de la prison. Pour l’instant, il est accusé de ne pas avoir fait de déclaration durant 5 ans, et d’avoir omis de déclarer certains revenus. L’affaire Snipes est en cours, et nous n’en parlerons pas. Car le plus important, pour nous qui sommes fans de cet acteur qui sait tout faire, c’est le fait que « Wesley is Back ».

Wesley Snipes joue un parrain de la pègre new-yorkaise dans « L’élite de Brooklyn », excellent polar réalisé par Antoine Fuqua. Après « Training Day », qui se passait Í  Los Angeles et qui a valu un Oscar Í  son acteur Denzel Washington, Antoine Fuqua explore le milieu policier de la cÍ´te est, Í  New York, plus précisément dans le quartier de Brooklyn. Trois hommes, trois flics, que tout sépare, vont se retrouver face Í  face et cÍ´te Í  cÍ´te lorsque Brooklyn s’enflamme.

Wesley Snipes vient d’entrer dans la pièce. Il n’a pas changé. Il a toujours cette démarche de félin qu’on retrouve chez ceux qui pratiquent les arts martiaux.

Ramzy : Les tresses dans le film, c’est une perruque ou ce sont tes vrais cheveux ?

Wesley Snipes :  Les tresses ? Une torture, mon frère. Tu ne peux pas savoir Í  quel point ça fait mal. Oui, c’étaient mes cheveux.

Ramzy : Wesley Snipes est de retour. Enfin…

Wesley Snipes : Et ça fait du bien, crois-moi.

Ramzy : Avant toute chose, et parce que je suis un fan de James Brown, o͹ en est le projet ?

Wesley Snipes : C’est toujours en développement. On a presque trouvé le financement. Mais je pense qu’on fera le film dans 2 ans. Il me faut au moins 5 mois pour travailler mon personnage physiquement et psychologiquement. Et il faudra ensuite 3 Í  4 mois pour le tournage. Ensuite, le montage. Mais j’attends avec impatience de jouer James Brown. Pour l’instant, je m’entraÍ®ne tous les jours. Chants, danse, chorégraphie. Tous les jours.

Ramzy : Je fais partie de cette génération de journalistes qui a grandi avec toi, depuis « New Jack City ». J’ai l’impression que selon les pays, Wesley Snipes est perçu différemment. Je me trompe ?

Wesley Snipes : Pas du tout. Je suis tout Í  fait d’accord avec toi. Je trouve fascinant de voyager Í  travers le monde et de voir que chaque pays a sa référence cinématographique. En Europe, c’est beaucoup plus « One Night Stand », pour lequel j’ai remporté le prix d’interprétation Í  la Mostra de Venise. Si tu vas en Afrique du sud-ouest, comme en Namibie, « White men can’t jump » est un classique lÍ -bas. Ces découvertes m’ont ouvert les yeux sur le pouvoir du cinéma sur le public et la façon dont les films sont perçus Í  travers le monde. Quand je prends du recul et que je regarde cette diversité Í  la fois au niveau des personnages que j’ai joués et des genres de films que j’ai faits, je me dis que c’est comme si je faisais partie d’une troupe théatrale. Tu sais, une troupe travaille sur plusieurs pièces sur plusieurs années. C’est merveilleux. J’ai eu la chance de travailler avec des gens de talent.

Ramzy : C’est vrai qu’au départ tu voulais être danseur ?

Wesley Snipes : Oui. Je ne pensais pas devenir acteur. Je suis diplÍ´mé du « High School of performing Arts », le fameux Fame. Et j’étais fou de James Brown et Michael Jackson. Lorsque j’ai participé au clip « Bad », j’ai été impressionné par la capacité de travail de Michael. Il est arrivé pour les répétitions et il était tellement préparé, tellement concentré, que chaque répétition était une performance. Cette approche est restée avec moi tout au long de ma carrière. J’approche chaque scène que je joue de la même manière que Michael approchait ses performances. Je me prépare avant. J’imagine ce que mon personnage peut faire et ensuite, je donne tout dans la scène.

Ramzy : Tu as déjÍ  parlé avec Michael Jackson ?

Wesley Snipes : Plusieurs fois. Michael était quelqu’un de très cultivé. Je me souviens d’un moment en particulier. C’était Í  Sun City, en Afrique du Sud. J’ai revu Michael lÍ -bas. Pendant 3 heures, on a parlé de tous les livres qu’il avait apportés avec lui. Et il y avait de tout, de « Sri Aurobindo » Í  la biographie de Malcolm X. Je lui ai demandé s’il avait lu tous ces livres, ou si c’étaient des cadeaux. Il m’a répondu qu’ils les avaient tous lus. Il était merveilleux. Merveilleux.

Ramzy : Attends. Toi qui rêvais d’être danseur, comment ça se fait qu’on ne t’a jamais proposé un rÍ´le dans une comédie musicale ?

Wesley Snipes : J’ai auditionné pour le film « Dreamgirls ». Ils ont failli me prendre. Mais au moment o͹ les producteurs ont commencé Í  évoquer mon nom, Jamie Foxx et Eddie Murphy se sont présentés et tout de suite, les cartes ont changé de main. Tu sais comment ça se passe dans ce milieu.

Ramzy : On va parler un peu de ce nouveau polar « L’Elite de Brooklyn ». Je me souviens avoir vu ce film au festival de Sundance il y a un an et demi, et ensuite Í  Venise. La sortie en salles a pris énormément de temps. Et cette version du film que je viens de voir est légèrement différente de celle que j’ai vue Í  Sundance.

Wesley Snipes : Exact. Je pensais au départ que c’était mon film Í  moi, mais ce n’était pas le cas. (rire…). Non, sérieusement, le casting est incroyable : Richard Gere, Don Cheadle, Ethan Hawk. Il a fallu retravailler le montage pour faire ressortir ce qu’on appelle « l’ensemble Cast ». Il fallait équilibrer la trame, surtout avec ces portraits qui s’entrecroisent. Et puis, la fin du film a changé pour moi. Je ne révélerai rien, pour ne pas gacher le plaisir du spectateur. Mais j’ai adoré jouer ce rÍ´le.

Ramzy : J’ai cru comprendre que ta femme Nikki est aussi experte en arts martiaux.

Wesley Snipes : Exact. Elle est coréenne. Donc, pour elle, c’est le taekwondo.

Ramzy : Elle te battrait dans un combat ?

Wesley Snipes : Oh oui ! (rire…). Elle est incroyable. On a 4 enfants. Et elle les a eus naturellement. Tous les 4 sont nés Í  la maison. Et après le 2e accouchement, Nikki a repris le sport et a eu sa ceinture noire. En fait, cette semaine, elle se prépare Í  passer l’examen pour obtenir son deuxième diplÍ´me de capoeira. Tous mes enfants, d’ailleurs, même celui qui a 3 ans, font de la capoeira. Quand je rentre Í  la maison, je ne vois que des pirouettes et des acrobaties. Il faudra quand même que je fasse attention, car je travaille en ce moment et je ne m’entraÍ®ne pas assez. D’ici peu, ils vont tous être meilleurs que moi. (rire…).

Ramzy : On dirait un scénario de film.

Wesley Snipes : Justement, nous avons un projet de film. Une comédie familiale qui s’intitule « Master Daddy ». On développe ce projet qui parle d’une famille o͹ tous sont des experts en arts martiaux.

Ramzy : Qu’est ce que tu fais lorsque tu ne travailles pas ?

Wesley Snipes : Je travaille. (rire…). Je prends du plaisir Í  travailler. En ce moment, je prépare l’adaptation d’une bande dessinée que nous avons créée. Il y aura la BD, le film et une série sur Internet. Une aventure de science-fiction. Sinon, je pratique quotidiennement les arts martiaux. Je suis souvent en Corée du Sud, o͹ je participe Í  plusieurs ateliers au centre d’entraÍ®nement olympique de Séoul. Et je m’occupe de ma famille. Je me sens comblé. N’oublie pas que je viens du Bronx. Personne, ni dans ma famille, ni dans mon entourage, n’a réussi Í  accomplir ce que j’ai accompli. J’ai la chance d’avoir une vie artistique. Maintenant, j’aimerais tourner de plus en plus Í  l’étranger, dans d’autres pays, apprendre d’autres langues. Je le ressens ainsi. C’est comme si je n’avais pas le choix. D’ailleurs, en ce moment, je prépare avec Danny Glover un film sur Toussaint L’Ouverture, l’homme qui est Í  l’origine de la révolution haͯtienne et la création de la République d’Haͯti. Il y aura du créole et du français dans ce film.

Ramzy : Je voudrais revenir un instant sur Fame, l’école que tu as fréquentée. Nous avons grandi avec la série télé, le film. Il y a même eu un remake récemment. C’est vraiment difficile d’intégrer cette école ?

Wesley Snipes : J’ai des amis dont les enfants ont auditionné l’année dernière. L’école a reçu 12.000 demandes. Ils ne prennent que 20 Í  25 élèves par classe. Pour moi, ça reste une expérience unique. On dansait tous les jours Í  la cantine. Comme dans le film. On avait un DJ et on n’arrêtait pas de danser tous les jours. Le matin, on avait les cours normaux, et l’après-midi, les cours artistiques. Même si l’école originale a fermé et que tout a été transféré dans un autre quartier, près de l’aéroport de « La Guardia », ça reste une des meilleures écoles artistiques au monde.

Propos recueillis par Ramzy Malouki