
Est-ce que le hasard fait bien les choses ou est-ce délibérément voulu ? Nous attendions l’accord des producteurs de « La Défense Lincoln » pour publier notre entretien avec Matthew McConaughey. L’accord nous a été donné le jour o͹ DSK comparaÍ®t devant le tribunal de New York pour une affaire de mœurs. Alors que la France retient son souffle pour savoir si l’ex-patron du FMI va être déféré devant les fameux 12 jurés populaires américains, Matthew McConaughey joue un avocat véreux qui travaille depuis sa voiture. Une Lincoln, d’o͹ le titre du film.
Pour empocher rapidement une grosse somme d'argent, il accepte une cause particulière : faire acquitter un riche play-boy accusé d'avoir violenté une femme. Plus le procès s'intensifie et plus le père divorcé découvre que son client n'est peut-être pas aussi innocent qu'il le laisse paraÍ®tre. Lorsqu'il arrive un malheur Í un de ses proches collègues, Mick n'a pas le choix : il doit utiliser ses contacts et toute son expérience pour obtenir un jugement favorable pour son client. La Défense Lincoln est avant tout un best-seller de Michael Connelly, auteur de romans policiers. Ce n’est pas la première fois qu’un roman de Connelly est adapté au cinéma, mais celui-ci est de loin le plus réussi grace au jeu très convaincant de Matthew McConaughey, au sommet de sa forme. La Défense Lincoln est un excellent drame judiciaire, bien ficelé, avec tout ce qu’il faut comme retournements de situation pour tenir le spectateur en haleine. Un bon point également pour la photo, très réaliste, surtout pour nous qui habitons Los Angeles, ville o͹ se déroule l’intrigue. Tourné entièrement en vidéo, le film donne une vision glauque de L.A., exactement ce qu’il faut pour mettre en avant le personnage de Mick Haller, le héros.
Ramzy : On a l’impression en voyant ce film que la plupart des problèmes dans le monde viennent des avocats. Tu penses que c'est toujours un beau métier ?
Matthew Mcconaughey : C'est un travail respectable, mais je comprends tout Í fait ce que tu veux dire. Les avocats tentent toujours de rendre les choses difficiles. Cela prend du temps et coÍ»te de l'argent. Quand j'étais Í la Fac de droit Í l'Université du Texas, j'étais très idéaliste sur mes ambitions professionnelles. Faire un film comme celui-ci, en faisant des recherches, m'a ouvert les yeux sur la réalité. Il est impossible pour un avocat de faire son travail. La plupart en sont incapables. Tout cela Í cause d’un système judiciaire défectueux. Moins de 90% des cas aboutissent en procès. Tout se gère en dehors du tribunal. Les prisons sont pleines, les cours d'assises aussi. Si je te défends et qu'ils réclament la peine de mort contre toi, je vais aller négocier pour avoir la perpétuité. C'est une victoire pour tout le monde. On signe les papiers et au suivant...
Ramzy : Et ton rÍ´le ?
Matthew Mcconaughey : Je joue un avocat de la défense. Mon job, c'est d'installer ce qu’on appelle « le doute raisonnable ». L’avocat de la défense, c'est un peu comme un artiste ou un acteur. Ce sont eux qui racontent l'histoire. Ils développent tout un tas de scénarios sur ce qui a pu se passer, même s'ils savent que leur client est coupable. C'est leur boulot. N’importe qui se dirait « il est coupable, tu le dénonces ! » Mais ça ne se passe pas comme ça. Le gars que je joue a appris Í utiliser le système Í son avantage. Mais encore une fois, je comprends ce que tu veux dire. Je ne dis pas que les avocats sont la cause de tous les problèmes aux USA, mais ils peuvent aggraver les choses.
Ramzy : Dans le film, ton personnage utilise sa voiture « Lincoln » comme bureau. Tu te souviens de la dernière fois o͹ tu as vécu dans une voiture ?
Matthew Mcconaughey : Il n'y a pas si longtemps. Tu sais bien que j'adore voyager. J'aime aussi modifier mes voitures. J'ai trois voitures customisées. Chacune a un nom différent et un design particulier. Tout a commencé quand j'ai eu ma première voiture Í 16 ans. J’ai passé deux mois Í essayer de donner la forme de ma main au pommeau de vitesse. Puis j'ai transformé ma camionnette en bureau mobile. Il y avait même un fax Í l'intérieur, un téléphone et un ordinateur. J'avais récupéré les accessoires d'une voiture de police. J'y ai mis une chaise et c'était devenu mon bureau ! Quand j'allais en tournage, je n'avais pas de loge, je dormais dans le van. Pour ce film, quand ils m'ont parlé de l'arrière d'une voiture Lincoln, j'ai compris exactement de quoi il s'agissait !
Ramzy : Comment vont tes enfants ?
Matthew Mcconaughey : Ils sont en bonne santé. C'est quelque chose qu'il ne faut pas oublier quand on a des enfants, car ce n'est jamais sÍ»r. Il faut l’apprécier tous les jours. J'ai un garçon et une fille. On n'avait pas choisi, mais c'est bien tombé. Quand on a une famille, on vit pour eux. Le fait d'être heureux pour moi, ça a toujours été de regarder vers le futur, et maintenant, avec les enfants, c'est encore plus le cas. J'ai voyagé, je suis allé dans plusieurs d'endroits, j’ai vu des choses des milliers de fois, mais les enfants, eux, les voient pour la première fois et c'est ça qui est génial. Ils nous rappellent toujours de voir les choses avec un nouveau regard. Ça nous aide Í rester jeunes.
Ramzy : Depuis que je te connais, tu as toujours fait du sport une priorité. Tu as même créé une fondation qui encourage les enfants Í faire du sport...
Matthew Mcconaughey : Oui, c'est vraiment axé sur la santé et le fitness. Il ne s'agit pas de muscler les jeunes ou faire en sorte que les jeunes femmes ressemblent Í des tops modèles. C'est avant tout pour les enfants, pour qu'ils aient un but. La plupart n'ont pas fait d'exercice depuis des années et ils ont pris du poids. Ils se sentent mal dans leur peau. L'année dernière, l’objectif d'une fille était d'aller au bal de fin d'année. Mais elle ne rentrait pas dans sa robe. On a donc eu trois mois pour l’aider. Elle a perdu 5 kilos et elle se sentait comme une reine. C'était son but. Un autre garçon voulait intégrer l'équipe de foot et il a réussi. On essaye aussi de leur montrer comment manger sain avec un petit budget. Ce qu'on peut faire avec du riz, des légumes et un peu de viande, au lieu de ne manger que des hamburgers.
Ramzy : Il y a une rumeur qui circule : on dit que tu vas jouer Lance Armstrong dans un biopic. En plus, tu fais beaucoup de vélo…
Matthew Mcconaughey : C'est un projet. J’en ai parlé Í Lance, mais je ne lui ai jamais dit que c'est moi qui allais le jouer. C’est vrai, je fais du vélo, mais je ne suis pas très bon. Je ne suis même pas bon surfeur. On voit toutes ces photos de moi avec une planche de surf, mais ça ne veut rien dire !
On est amis avec Lance. Si je dis que je ne suis pas un bon cycliste, c’est parce que je l’ai réalisé en sa compagnie. Il est très rapide et son secret, c'est l'endurance. Je n'ai jamais vu personne qui a autant d'endurance. Les gens me disent, tu es vraiment en bonne santé, tu es un bon athlète, mais comparé Í lui… ce n’est même pas comparable. Ce sont deux types d'athlètes complètement différents. Ce gars a une endurance pas possible !
Ramzy : Et l’adaptation au cinéma de la série « Magnum ». On parle également de toi pour reprendre le rÍ´le que jouait Tom Selleck.
Matthew Mcconaughey : Je n'y ai jamais vraiment participé. J'y ai pensé et c'est vrai qu'ils m'en ont parlé, mais je n'étais pas très Í l'aise pour dire oui Í ce moment-lÍ de ma carrière. J'ai l'impression d'avoir déjÍ fait ce genre de choses. Magnum est aussi une marque de fabrique et j'adorais la série. Je ne dis pas non. Pourquoi pas... si c'est bien écrit. Mais Í l’époque, je cherchais quelque chose de plus original.
Propos recueillis par Ramzy Malouki