La musique et les planches pour le dire
L’avant-première mondiale du premier long-métrage de la réalisatrice tunisienne Sonia Chamkhi « Aziz rouhou » (Narcisse) a eu lieu le 23 novembre Í la salle du « Rio », en présence d’un public nombreux. L’équipe artistique et technique du film a été présentée sur scène avant la projection et sous les applaudissements.
Cette fiction colle Í la réalité tunisienne dans la lutte de la femme pour sa liberté, dans le mal-être du tunisien, dans la vie des chanteurs homosexuels, dans les conditions désastreuses dans lesquelles se débattent les comédiens de théatre pour payer le loyer du local des répétitions. L’histoire narrée est un peu trop triste, bien que la musique et pas des moindres, celle du Mézoued ponctue quelques scènes. Nous y retrouvons, d’ailleurs, le chanteur Salah Farzit qui y fait une prestation des plus réussies o͹ sa voix est en grande forme. Et autant le chant du Mézoued est fort, autant les événements du film augmentent d’intensité en fonction du déroulement de l’histoire. La majorité des personnages sont dans une situation peu enviable. Des personnages positifs pour certains et négatifs pour d’autres.
Ils luttent pour vivre, pour s’exprimer sur scène, comme ces comédiens dirigés par un metteur en scène cynique dans un petit théatre o͹ il n’arrive pas Í payer son loyer ! Le film, par petites touches, évoque plusieurs problèmes épineux que vivent les Tunisiens, tout en collant Í la réalité, au temps de la révolution tunisienne. Et dans ce film, un parallélisme est établi entre l’histoire du film et celle d’une pièce théatrale. L’héroͯne du film est elle-même celle de la pièce. Ce rÍ´le est parfaitement joué par Aicha Ben Ahmed. Le spectateur y adhère parfaitement et toutes les histoires sont bonnes Í narrer. L’atmosphère semble, Í priori, légère. Mais le ton du film monte et l’émotion avec. Le film dégage, en effet, beaucoup d’émotion, en mettant Í nu des réalités et des détails qui dérangent.
Une œuvre poignante o͹ la musique et le théatre ne sont qu’un prétexte pour dire des vérités. Un film destiné pour tous les publics avec deux mariages et un enterrement !
B.L.