Journées du cinéma européen : « Normal » de Merzak Allouach

Une seule et unique projection de « Normal », le tout dernier film du réalisateur algérien Merzak Allouache, a eu lieu Í  la salle l’ « Alham

Journées du cinéma européen : « Normal » de Merzak Allouach

Anormale, l’auto-censure !
Une seule et unique projection de « Normal », le tout dernier film du réalisateur algérien Merzak Allouache, a eu lieu Í  la salle l’ « Alhambra », Í  la Marsa, dans le cadre des Journées du cinéma européen. Une belle opportunité pour les quelques dizaines de spectateurs venus découvrir le film de la soirée, annoncé d’ailleurs de surprise. L’autre surprise était que Merzak était lÍ . Habitué d’un autre grand festival, les JCC, o͹ il avait remporté deux Tanit d’Or : « Les aventures d’un héros » et « Salut cousin ! », il retrouvait le public tunisien pour lequel il voulait absolument montrer le film. Avec son calme olympien et sa modestie, il avait déclaré, avant la projection, que ce film n’est pas sans suivre le processus qui détermine ses œuvres ; o͹ les personnages sont en quête d’une noble cause. Dans « Normal », qui est un film dans le film, puisque les protagonistes y jouent les rÍ´les d’un réalisateur et ses comédiens dans les ultimes étapes de leur film et face Í  la censure qu’affichent les autorités Í  son égard. Merzak Allouache ne nous prend pas Í  contre-pied, dans la mesure o͹ il évoque une histoire, parmi tant d’autres, qu’on pourrait trouver véridique et qui met le doigt sur des tabous qui n’ont pas encore quitté la tête du politique, des artistes et des citoyens algériens, en général. L’anachronisme sourie le plus, lorsque des comédiens montrent une jalousie tuante entre eux, pour un baiser Í  l’écran ! Ce n’est que du cinéma ! Pourrait-on leur lancer. Mais quand, de surcroit, des artistes se comportent de la sorte, on se poserait des questions sur une conception de premier degré du cinéma et du jeu théatral, ou cinématographique. Et faudrait-il amener une actrice française pour jouer tel ou tel rÍ´le, pour échapper aux mauvais commentaires ?! Et si l’Algérie est démocratique et libre, comme on le lit sur une banderole, au début et Í  la fin du film, le message est clair. Le film a été tourné en plusieurs phases. Si bien que le flash-back sur le « Panaf », le second Festival Panafricain des Arts, en 2009, avec des danseuses africaines aux jambes nues, défilant dans les rues d’Alger, mais aussi la rue algérienne en ébullition, en 2011 et ses manifestations contestataires, devenues tout Í  fait normales, suite au déclenchement des révolutions tunisienne et égyptienne, constituent les séquences répétitives du film. On y exprime une position face Í  la dégradation politico-sociale, sans toutefois être en délire et tout casser et tout brÍ»ler ! Plusieurs scènes sont tournées avec une caméra portée ; ce qui amènerait Í  croire qu’il s’agit, lÍ , d’un film-reportage, d’un documentaire, pour l’appeler par son nom. Mais il s’agit d’une fiction, tout simplement, car les personnages sont de vrais comédiens algériens. Une autre manière de bien surprendre son spectateur chez Merzak Allouache. Il réalise une telle œuvre, dans le même esprit que ses précédents opus, mais o͹ il use de nouveaux procédés, échappant aux balises, pour ouvrir la voie Í  d’autres.

B.L.