
Une performance de haute voltige
Durant une heure moins le quart et dans le cadre de la quinzième édition des JTC, la Compagnie du Théatre Magique, venue des Pays-Bas, nous a donné l’opportunité de vivre des instants hors du commun avec son spectacle : « Momentum », Í la maison de la culture Ibn Rachik.
Une fusion entre le théatre du mouvement, de masque, de musique et de marionnettes animées. Deux femmes : Ananda et Charlotte Puijk, ont donné Í voir une performance de haute voltige ; o͹ le silence était de rigueur pour mieux exprimer la douleur d’une femme Í la recherche de sa propre énergie et qui prend conscience, chemin faisant, de ses forces et de ses faiblesses. Une quête de soi, une quête de la liberté, entachée de difficultés. Dans un cadre intime, o͹ la douceur règne, en ocre-jaune, l’histoire se construit, crescendo dans une atmosphère de calme et de volupté ; avec une lumière tamisée sur un rythme lent et accrochant. Rien n’est laissé au hasard, car les enchaÍ®nements des scènes sont Í couper le souffle. De la rigueur Í en revendre ! En quelques exercices de styles, mais aussi quelques leçons de théatre, sont données, en filigrane. Tant mieux ! On n’arrêtera jamais d’apprendre, aussi bien pour le public, que pour les comédiens et les metteurs en scène d’ici et d’ailleurs. Le spectacle est tout en mouvement. Un dialogue, toujours en mouvements entre la comédienne et elle-même et avec ses deux marionnettes ; celles-lÍ mêmes qui incarnent la tristesse et la joie, l’ironie du sort et l’absurdité de la vie, en quelque sorte. Le choix des musiques de fond, comme celle du film fort touchant : « Elephant Man », incarne Í lui seul la teneur du propos, ici silencieux, plutÍ´t ! C’est Í en pleurer ! Le silence est parfois, d’ailleurs, l’expression même du vacarme. La pièce renvoie Í la douleur d’être, Í la recherche continuelle de liberté de vivre et d’agir. Et il y’a cette scène d’anthologie, dirait-on ; o͹ la comédienne chante en live pour sa marionnette et d’une voix aigue, sur une musique en off. Elle la prend, la cajole, la marionnette danse et devient joyeuse. Le courant passe, la liberté est retrouvée, après tant et tant de peines. Les procédés techniques utilisés, d’autre part, ne sont pas aussi difficiles qu’on pourrait l’imaginer. Car, Í partir du plus simple, on atteint le haut niveau d’un spectacle visuel. Le plus simple, n’est-il pas le plus beau ? La Compagnie néerlandaise du Théatre Magique porte bien son nom, car elle propose de nouvelles formes artistiques dans le jeu théatral.
B.L.