Journées Théatrales de Carthage «Dominant Powers, que faire alors ?» du Theater combinat de Vienne

« Dominant Powers, que faire alors ? » est un spectacle allemand, étonnant et loin des sentiers balisés de la création, qui nous a été donné d

Journées Théatrales de Carthage «Dominant Powers, que faire alors ?» du Theater combinat de Vienne

Faut-il crier sa peine ?

« Dominant Powers, que faire alors ? » est un spectacle allemand, étonnant et loin des sentiers balisés de la création, qui nous a été donné de voir Í  l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Tunis (ISAD), dans le cadre des JTC 2012.

D’emblée, le ton était donné par son metteur en scène Claudia Bosse et qui y a fait participer de jeunes étudiants de l’ISAD, en plus de trois actrices, membres de la troupe. Le spectacle commençait déjÍ , dès le moment qu’on avait accédé Í  l’institut. Le public y est invité Í  y être, Í  y adhérer, chemin faisant et en suivant le guide : une actrice qui dit un texte révolutionnaire Í  voix haute et qui annonce le propos. Une visite des lieux est ainsi effectuée, o͹ l’on découvre que tous les espaces de l’ISAD avaient subi des transformations. Ça criait la révolution. Les installations ne se comptaient plus, les salles de classes sont méconnaissables. Un vent de révolution y a soufflé ! Des images d’archives étaient, en plus, diffusées par les postes de télé installés au milieu du vacarme, dirait-on. Etait-ce un happening ? Une installation ? Une tragédie contemporaine ? Les scènes le suggéraient, en effet. C’était tout cela, Í  la fois et plus encore ! Rien n’était laissé au hasard ; dans la mesure o͹ les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne, étaient passées en revue, sous un œil critique et d’une manière symbolique. L’autrement dit, l’autrement construit et déconstruit, criait sa présence. Une véritable révolution théatrale, Í  laquelle le public participe, par sa présence auprès des comédiens. Claudia Bosse dit d’ailleurs et en substance, Í  propos de son travail : « peut-être le théatre serait-il un laboratoire pour apprendre les techniques de composition de réalité et le lieu pour en articuler ensemble les doutes nécessaires ? » Chacun des comédiens semblait porter sa douleur, ses situations de détresse. Car, on n’imagine pas une révolution sans des répercussions néfastes. La tragédie de l’être est dans le paraÍ®tre. Un chant d’amour, de haine, de lassitude. Les pouvoirs dominants ont tout réalisé, ou presque. Que restait-il Í  faire, aujourd’hui ? Fallait-il crier sa peine, fallait-il crier sa tragédie, sa manière d’être ? Le spectacle s’étirait et progressait. Un « Work in progress » ? Peut-être encore. Un cœur en mouvement. Car pour révolutionner les pratiques habituelles de la scène, cela prend du temps et pourrait être bien, ou mal interprété par le public et par les gens du théatre, eux-mêmes. Des dialogues avec des objets acoustiques divers et des voix qu’on retrouve dans un autre corps. « Dominant Powers » se passe Í  l’intérieur, comme Í  l’extérieur du lieu. Le théatre, dans son fief et son public, étaient pris au dépourvu. Et c’est, peut-être Í  cela que voulait aboutir le spectacle. Le dialogue avec le public était fortement réussi, bien que ce public n’avait prononcé aucun mot, n’ayant pas compris son rÍ´le lÍ -dedans.

B.L.