
Sur les traces des avant-gardistes
Les JTC 2012 nous ont donné Í voir un spectacle haut en couleur et un cri d’amour pour le théatre et pour la liberté. « Urgent Crier ! », de Philippe Caubère, est un monologue engagé et puissant, un bel hommage Í de chers disparus, qui avaient tant donné au théatre français contemporain et au théatre mondial. Des noms parfois oubliés par certains, mais qui rappellent bien des souvenirs aux jeunes étudiants des années soixante huit du siècle dernier.
Philippe Caubère y joue, chante et crie Jean Vilar, fondateur du festival du théatre d’Avignon. Un comédien exceptionnel et demeuré irremplaçable, mais aussi Antonin Artaud, un créateur incompris, pour être pris pour un fou, dans sa folie douce et créatrice. Le narrateur n’omet pas également la rencontre d’Artaud avec Bertolt Brecht, l’auteur allemand avant-gardiste. Le narrateur et acteur Caubert s’arrête, par ailleurs, sur le parcours de Gilles Sandier, écrivain, metteur en scène, critique théatral et animateur de radio dans : « Le masque et la plume ». Il avait défendu le théatre du combat et partit subitement en 1982. Les hommages et les évocations fusaient, dans la mesure que d’un personnage, Í un autre, Philippe Caubert trouvait le filon, voire-même la filiation entre tel ou tel auteur, acteur, ou metteur en scène. Il raconte l’hier et l’aujourd’hui. C’est le cas d’André Benedetto, disparu en 2009 et qui a été le fondateur du festival « off » d’Avignon, tout en étant le directeur du Théatre des Carmes, dans cette même ville. Un autre marseillais comme Philippe Caubère, méditerranéen dans son ame. Durant une heure quarante, le spectacle, Í un seul comédien, était agrémenté d’un accompagnement Í la guitare par Jéremy Campagne. On passait, en effet, du classique, au rock et Í l’andalou, entendre flamenco. La scène était nue et Í pleins feux, par moments. Les atmosphères changeaient au goÍ»t et aux couleurs des détails de cette belle petite histoire du théatre révolutionnaire, qui a toujours aujourd’hui sa raison d’être. Les images d’archives étaient lÍ ; projetées sur un écran, au fond de la scène. Ces personnages exceptionnels, étaient comme ressuscités pour une rencontre narrative pas comme les autres. Le comédien, avec une aisance Í fleur de peau, défendait bien sa thèse et ses propos. Bref, le théatre doit impérativement accompagner toute révolution, semblait-il murmurer. Car, depuis mai 1968, le soulèvement populaire dans les rues de Paris et en province, avait fait éclater bien des pensées révolutionnaires et avait mis Í nu des aberrations qui devenaient insupportables et ne trouvaient plus place parmi la jeunesse cultivée. Il y’a donc urgence Í crier sa révolution artistique et théatrale, en particulier.
B.L.