
La nouvelle pièce : « Tawassine », scénographie et mise en scène de Hafedh Khlifa, sur un texte d’Ibrahim Ben Amor, vient d’être donnée Í la salle du « Quatrième Art », Í Tunis. Un spectacle visuel d’une haute tenue, fort apprécié par le public et un plaidoyer pour une meilleure compréhension de la religion musulmane aujourd’hui.
« Tawassine » est l’œuvre de la compagnie « Art des deux rives » qui s’active Í Kébili et dont les membres sont des maÍ®tres et des diplÍ´més de l’ISAD. On y évoque et indirectement la révolution tunisienne, en axant sur des détails qui ont surgi après son éclatement et qui constituent encore une pomme de discorde entre différents courants religieux et autres partis politiques. Le titre de la pièce est d’ailleurs puisé des deux premières lettres du premier verset de la Sourate « Ennaml » du Coran ; en l’occurrence : « Ta, Sin », ce qui a donné : «Tawassine » comme intitulé de la pièce. La projection du passé au présent, a donné lieu Í une rencontre insolite entre quatre personnages très célèbres dans l’histoire, la civilisation et la théologie arabes. Al Hallej, Ibn Arabi, Assahraouardi et Hamdane Kormot, frappés par une condamnation Í l’égarement, se retrouvent sur scène, ou plutÍ´t dans une caverne, après le grand déluge. Ibliss, ayant, lui aussi eu le même destin qu’eux, leur tient compagnie et constitue un cinquième personnage parmi ce groupe plutÍ´t sympathique et loufoque, Í souhait. L’aspect caricatural de ces personnages rend le propos très léger, ajouté au langage de la pièce oscillant entre l’arabe littéraire et le dialectal propre aux habitants de la région du Djerid. La trame est la volonté de ce groupe Í créer un état nouveau qui aurait ses lois et sa constitution et qui romprait avec la dictature et l’autocratie. Un long cheminement entravé de disputes, de complots, de batailles, d’inacceptation de l’opinion opposée. Bref, c’est la Tunisie politique et religieuse d’aujourd’hui qui y est narrée, en filigrane. La scénographie a tenu compte de l’importance des danses, des musiques et des chants religieux, pour être en phase avec le discours véhiculé et le contexte d’une telle pièce. Et si tout au long du spectacle, la scène est Í demi exploitée, avec un bon usage du théatre d’ombre chinoise, cela n’a pas empêché le metteur en scène Í l’ouvrir, pour le tableau final. La projection du passé au présent, a été savamment exploitée et narrée parfois en toute simplicité, comme quoi, l’histoire est un éternel recommencement, o͹ les arabes ne se mettent jamais d’accord sur les sujets qui les touchent de plus près.
B.L.