Matali Crasset, designer architecte : « Partir de la culture du lieu pour pouvoir associer avec le contemporain »

La grande designer architecte française Matali Crasset était Í  Tunis pour dédicacer le 4 mai Í  la librairie « Culturel » Í  El Menzah 6 l

Matali Crasset, designer architecte : « Partir de la culture du lieu pour pouvoir associer avec le contemporain »

Matali Crasset, designer architecte : « Partir de la culture du lieu pour pouvoir associer avec le contemporain »

La grande designer architecte française Matali Crasset était Í  Tunis pour dédicacer le 4 mai Í  la librairie « Culturel » Í  El Menzah 6 le livre qui lui est consacré et intitulé : « Matali Crasset works » paru chez Norma Editions. « Jetset » l’a rencontré. Interview avec une designer et architecte qui a conçu en Tunisie « Dar Hi » Í  Nefta et qui développe dès 1990 le refus de la forme pure avec la modularité, l’appropriation, la flexibilité et le réseau.

JS : Dans la conception de « Dar Hi » Í  Nefta, l’écologique et le moderne cÍ´toient le sable, les palmiers et la vie au Sahara. Comment vous ressourcez vous pour réaliser vos œuvres en design intérieur et extérieur ?

Mme Matali : Pour ce qui est de « Dar Hi » justement, et pendant trois ans, je revenais régulièrement Í  Nefta par l’intermédiaire du propriétaire du lieu, pour comprendre mieux la culture et prendre des ingrédients afin de pouvoir associer avec le contemporain.

JS : Entre la recherche, les expositions, la scénographie, l’architecture, les objets et le mobilier, vous créez et vous imaginez. Comment explorez-vous les nouveaux territoires ?

Mme Matali : Il existe deux modes : celui lié Í  la base designer industriel et celui de travailler la scénographie. Cela se fait graduellement. Il s’agit de scénarios de vie, de créer des expériences…

JS : Que pensez-vous de l’architecture tunisienne d’aujourd’hui et ce qui pourrait la menacer ?

Mme Matali : Généralement cela se situe au niveau du traditionnel, du moderne et du vernaculaire. Le plus intéressant serait le lien avec la culture architecturale.

JS :  A-t-on absolument besoin aujourd’hui en Tunisie, que vous connaissez, de faire encore plus dans le design pour rendre la vie plus facile et plus calme ?

Mme Matali : Cela dépend de la manière avec laquelle on fait le design. A chaque fois qu’on le réalise, on se pose la question de savoir Í  quoi il servirait ? Comment il nous aide Í  vivre ? L’engouement est de regrouper et de défendre un design tourné vers l’accompagnement dans le contemporain et comment vivre aujourd’hui et pousser les choses vers le contemporain.

JS : Pourriez-vous nous parler de votre surnom de « Jeanne d’Arc du design » ?

Mme Matali : C’est une coupe atypique que je défends et qui me correspond parfaitement. Et puis, Jeanne d’Arc est une femme et dans le métier que je fais, le secteur est tenu beaucoup plus par les hommes. C’est pourquoi je ne veux pas être timide, mais aller de l’avant dans ce que je fais.

JS : Comment définissez-vous aujourd’hui la vie urbaine ?

Mme Matali : Je vis Í  Paris. J’ai choisi la ville car il y’a des choses Í  y faire, des défis Í  relever et Í  faire ensemble. L’urbain est compliqué et difficile Í  gérer. Il faut donc organiser les choses et avoir accès Í  la diversité que nous avons autour de nous. Un urbain richement constitué.

JS :  Vous concevez votre habitation au milieu des gens. Pourquoi ce choix ? Est-ce-lÍ  un nouveau scénario de vie domestique ?

Mme Matali : J’habite dans une ancienne usine o͹ avec les habitants, j’ai pu reconstituer un village.

JS : Quel est votre message aux architectes et autres designers tunisiens selon votre propre expérience et compte tenu de l’état actuel des choses ?

Mme Matali : Dans chaque projet, il existe un pas, un accompagnement. Ce n’est pas lÍ  o͹ je souhaite aller. Les enjeux sont ceux de mettre notre savoir-faire pour faire évoluer notre société. A petites doses, je défends une petite échelle pour des petites poches d’existence.

JS : Quels sont vos projets réalisés récemment, ou ceux Í  venir ?

Mme Matali : J’ai un projet au Sénégal avec un village qui se situe dans une zone privilégiée. On va y découvrir le lien particulier avec le tourisme responsable, avec des enjeux écologiques équilibrés.


                                                                                                   Propos recueillis par BL