
Bon timing pour Euroluce puisque cette année 2015 a été décrétée année internationale de la lumière par l’UNESCO. L’équipe Moda est donc allée faire une sélection resserrée des meilleures nouveautés luminaires par quelques unes des têtes chercheuses du secteur avec Foscarini, Fontana Arte, Flos, Michael Anastassiades, alors que cÍ´té mobilier, cette édition efficace a offert des nouveautés qui cherchent moins Í impressionner la presse qu’Í meubler effectivement maisons et bureaux. Crise oblige. Moda a arpenté ce salon comme Í son habitude pour sélectionner le meilleur du mobilier contemporain fonctionnel, confortable et élégant avec des propositions de Knoll, GlasItalia, Vitra, …..
Knoll : Pilot chair, Barber & Osgerby. On retrouve les ingénieux ingénieurs du design anglais avec une « grande nouveauté » chez Knoll, également occupé Í promouvoir la nouvelle assise en polypropylène pour la Bertoͯa (1952) et de revisiter son Pollock (1960). Un fauteuil de bureau pivotant Í la forme d’un « T » statique au dossier plat et flexible pour ne plus se sentir travailler. L’objet est aussi une belle ode Í leur passion pour l’aviation.
Foscarini : Kurage, Nichetto et Nendo. Sous couvert d’un remake de la plupart de ses lampes fétiches déclinées sous un torrent de nouvelles couleurs pour résister aux tendances flottait la « méduse » de Luca Nichetto et Oki Sato. Une lampe de table japonisante en papier washi, Í l’ancienne.
Moroso : Gemma, Daniel Libeskind + Brook, Tokujin Yoshioka. L’asymétrie du fauteuil de l’architecte américain Daniel Libeskind pour Patrizia Moroso brille par son doux tissu de teinte acide et effervescente dans la lignée des nouveaux textiles habillant l’ottoman du designer japonais Tokujin Yoshioka, présenté en septembre dernier par cette éditrice arty.
Un pétulant festival en accord avec le nouveau sofa de Ron Arad et le fauteuil Husk de Marc Thorpe.
Offecct : Gate, Claesson Koivisto Rune. Gate signe le futur proche du sofa des espaces publics avec son dossier offrant des prises électriques pour recharger nos chers appareils de communication énergivores tout en conversant tranquillement… Sur une base métallique moderniste, sa partie haute est extensible Í l’infinie. Un rêve pour les lounges d’aéroports.
Vitra : Belleville, Ronan et Erwan Bouroullec + Mariposa, Barber & Osgerby. Au stand Vitra agencé comme un entrepÍ´t par Jo Nagasaka (Schemata Architects), tout le monde n’avait que d’yeux pour les nouvelles chaises et tables Belleville des frères Bouroullec au nom de leur quartier : Belleville. Des meubles voués Í la popularité, en plastique injecté avec ou sans contreplaqué et au profil calligraphique d’Extrême Orient.
Une gamme Í empiler qui ne saurait occulter le canapé de Barber & Osgerby né l’an dernier avec ses accotoirs « signatures », réglables Í 30°. Deux grands classiques décontractés.
Glas Italia : Collectors Cabinets, Barber & Osgerby. A la recherche d’une torpeur avant-garde, Glas Italia sort encore une fois le verre de ses carcans avec ses nouveautés. Au cÍ´té d’une spectaculaire penderie translucide du japonais Tokujin Yoshioka (effet de lévitation garantie pour vos vêtements !) et les expériences coloristes de Patricia Urquiola et Philippe Starck, les buffets et tables basses de Barber & Osgerby font cohabiter un piètement en bois, un intérieur en miroir et un extérieur en verre courbé anti-reflets… Prêts pour épater la galerie.
Casamania : Summit, Giulio Lacchetti. Fidèle Í sa manie de produits intemporels, interchangeables et faciles Í transporter pour les exigences des urbains nomades qui changent de maison comme d’humeur, l’éditeur a dévoilé son nouveau sofa iconique. Summit, o͹ le canapé articulé et confortable. Une « rencontre » entre une poignée en cuir naturel et un tissu élastique amovible. Le tout signé Iacchetti : « On peut le prononcer tant comme le terme latin que comme en anglais. Moi, je préfère le latin. »
Thonet : Hide Out, Front + Cirque, Martino Gamper. Les trois suédoises de Front surdimensionnent les oreilles du fauteuil du même nom en version viennoise, c’est Í dire en paille cannée. Au cÍ´té de GamFratesi et Michele de Lucchi, aussi venus courber le bois avec passion chez Thonet, Martino Gamper (photo) lance des cerceaux sur la base des premiers tabourets du fabricant mythique. Une entrée en fanfare pour ce trublion transalpin connu pour ses workshops et détournements de chaises récupérées.
Moooi : Charles Chair, Marcel Wanders. Marcel Wanders, nouveau suprématiste ? Designer artiste désormais assagi chez Moooi, le trublion hollandais plutÍ´t accoutumé Í cuisiner baroque rend enfin hommage Í ses pairs historiques avec ce fauteuil o͹ l’encadrement métallique noir encadrant quatre coussins aux couleurs primaires évoque frontalement les compositions de Piet Mondrian. Carton en vue !
+ Halle : Stella, Busk+Hertzog. Avec son généreux dossier courbé reposant subtilement sur son assise pivotante, Stella s’impose comme la nouvelle star du fabricant danois. Un confort accru pour ce modèle Í l’élégance d’un nénufar… Pour flotter dans ses pensées tous les jours, au bureau comme Í la maison…
Alias : Twig, Nendo. Avec les réalisations de Patrick Norguet, Eugeni Quitllet et une massive table en béton des frères architectes Gabriele et Oscar Buratti, Alias a produit cinq nouvelles chaises Í l’arrière goÍ»t conceptuel. Cinq deux-en-un basés sur un seul et même dessin d’Oki Sato. Un piétement en aluminium blanc, classique, sur lequel l’assise en bois change Í chaque reprise, coupées ou couplées Í un dossier haut. Twig 4, la plus marquante d’entre elles, déroute avec ses quatre accotoirs. Une solution pas comme les autres pour s’asseoir… et se faire remarquer.
Cassina : Réaction Poétique, Jaime Hayon + Antropus, Marco Zanuso + Stadera, Franco Albini. Cassina s’est payé le luxe d’un cinéma éphémère Í la gloire de Le Corbusier et l’entrée de son stand avait une allure de club privé o͹ les objets de fooding (deux petites tables, un plateau et quatre centres de tables) imaginés par Jaime Hayon en hommage au maÍ®tre helvétique tenaient lieu d’attrape cœurs.
A l’intérieur, on applaudissait aussi les rééditions de Marco Zanuso. Le moderniste italien vient d’être propulsé dans la collection I Maestri avec des inédits comme son fauteuil Antropus (1948), joyau expérimental tout rembourré et super sylphide, au cÍ´té du premier architecte italien entré dans cette gamme : Franco Albini et sa Stadera (1954). Un bureau au plateau unissant asymétriquement le marbre et le bois avec un sous-main en cuir d’un déconstructivisme particulièrement précoce.
Molteni : Sfera, Ron Gilad. Au centre de la ville, l’exposition « 80!Molteni » enflammait la Galleria d’Arte Moderna en confrontant les chefs d’œuvres de l’éditeur milanais Í ceux du musée. Au centre de la foire, Ron Gilad expliquait ses trois arcs de cercles en acier croisés soutenant un plateau en verre dans l’esprit d’un mouvement cristallisé, Í un jet de pierre des préceptes Futurisme italien. Une table au piétement Í la circonférence exceptionnelle, dans le pur style graphique et évanescent de ce quarantenaire décidemment très actif chez cette firme familiale.
Flos : Superloon, Jasper Morrison + OK, Konstantin Grcic. Dans un stand théatral conçu par Ron Gilad comme un white cube o͹ les nouveautés produits tiennent lieu d’oeuvres, scénographie métaphore de l’exclusivité pour un secteur du luminaire o͹ les nouveautés se comptent chaque année en nombre, il était entre autres question de la disparition du fil au profil du tout LED (Unplugged, Philippe Starck) et de lampes vues comme des dispositifs pour architectes (Michael Anastassiades) et des masques ovoͯdes (Patricia Urquiola).
Dans cet audacieux pastiche d’une galerie d’art Í tendance Minimal Art, Jasper Morrison et Konstantin Grcic revenaient aux origines du luminaire selon Flos en usant la finesse de la LED. Soit un disque plat en LED réglable Í 360° et la réinterprétation de la Parentesi (1971) de Castiglioni et Manzu. Deux produits en lien avec une nouvelle monographie du britannique et sensiblement mis en scène dans le nouveau catalogue de la maison réalisé par les D.A. Stefanie Barth et Carina Frey.
Michael Anastassiades. Pour sa propre marque, en parallèle d’une nouvelle collection poliment applaudie chez Flos, le chypriote réitère ce qu’il sait faire de mieux. Du minimalisme paradoxalement impressionniste. De l’éclairage par touches. Des « chandeliers mobiles » aux traits noirs, lancées graphiques filantes ou courbes, affublés de globes lumineux pour souligner l’espace des plus pures architectures.
Graypants : Murmurations. Belle découverte durant cette design week milanaise, cette agglomération de lampes en LED aux ruches cartonnées inspirées des vols d’étourneaux est le fruit des architectes Seth Grizzle et Jonathan Junker, officiant entre Seattle et Amsterdam et fondateurs du studio Graypants. Un corpus lumineux unique pour un effet détonnant Í tous points de vue.
Fontana Arte : Nebra, Sebastian Herkner. Comme les bonbons soucoupes de notre enfance, cette lampe retient une poudre explosive. L’innovation de Fontana Arte, saint patron italien du luminaire en verre, fut ici de concentrer les LED dans un mince corps en verre pressé o͹ la luminaire transparaÍ®t abondamment sans trahir sa provenance. Une « parabole » au disque Nebra de l’Age de bronze.
Fantoni : Hub, Matteo Ragni. Descendant direct de la structure « multifonction » Abitacolo de Bruno Munari (Compasso d’Oro en 1979), ce bureau au squelette carré est une douce révolution pour la vie en entreprise. Un module ouvert et qualitatif, autorisant de s’isoler pour travailler ou d’y manger avec ses collègues… Pour en finir avec les longues tables communales servant la mode du co-working.
We makes carpets : Kneeling. Créer votre propre tapis, ça vous dit ? Pour ce faire, le pari de ce collectif néerlandais spécialisé dans le genre est simple. Avec un iPad en guise télécommande, il vous propose d’illuminer les quelques unes de 12,000 LED disposées sur la trame dudit tapis pour obtenir un motif original. L’une des belles découvertes du Off Í Lambrate.