
Le spectacle donné par la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, dans le cadre de « MÍ»siqat », Í Ennejma Ezzahra, Í Sidi Bou Saͯd, restera d’anthologie dans les annales de cette manifestation musicale internationale et annuelle dédiée Í la musique traditionnelle et néo-traditionnelle. La cantatrice malienne, née en CÍ´te d’Ivoire, n’a pas seulement rempli son contrat envers le pubic, elle a excellé et s’est donnée entièrement et Í fond Í son art, durant une heure trois quarts.
Une durée exceptionnelle pour ce genre de spectacles, qui ne dépassent pas habituellement une heure et quart.
Fatoumata Diawara a également dansé Í gogo et en vraie danseuse professionnelle, sacrifiant Í son désir d’exprimer corporellement la musique et les mots qu’elle chantait. Elle était toute ravie de se trouver en Tunisie post-révolution et d’y chanter. Accompagnée de sa guitare électrique et de musiciens, aussi talentueux qu’elle, elle venait plonger le public, venu nombreux, ce soir lÍ , dans une ambiance purement africaine, jusqu’Í son petit village au Mali. Elle chantait sa musique langoureuse et rythmée, telle un griot sorti de la nuit des temps. Elle était Í corps et Í ame perdus. Son répertoire folk est Í la fois sensible et original. Il puise du chant Wassoulou, musique mandingue de l’Afrique de l’Ouest. Il est imbriqué avec des ambiances de Blues et de Jazz ; ce qui lui donne une touche universelle et contemporaine. L’engagement artistique ; voire politico-social de Fatoumata est des plus touchants. On le retrouve dans ses chansons et chants destinés et dédiés aux « clandestins » qui traversent la mer sans passeport Í la recherche de l’Eldorado, pour ne plus retrouver la vie en essayant de gagner l’autre rive et aux enfants qui n’ont jamais prononcé le mot : « maman ». Fatoumata interprète ses œuvres tel un griot qui vient raconter des histoires Í fables ; celles africaines, de surcroit. Le public avait également dansé et dansé. Le rappel a d’ailleurs donné lieu Í un quart d’heure de musique et de danse en prime. Fatoumata, entrée dans un état second pouvait y rester toute la nuit. Elle maÍ®trisait son art et son spectacle. Elle l’était, au concret.
B.L.
B.L.