
Le classique autrement
Le concert de musique polonaise donné Í l’Acropolium par le duo : Krystyna Makowska-Lawrynowics, au piano et Anna Orlik, au violon, dans le cadre de la dix huitième édition de l’Octobre Musical de Carthage, a merveilleusement surpris un public mélomane, fidèle et assez nombreux. Un spectacle en deux parties, o͹ la recherche et l’innovation étaient de rigueur. En témoignent les cinq œuvres, sur les neuf au programme, qui avaient enregistré préalablement des transcriptions. Il ne suffisait pas, en effet, de jouer, même impeccablement, des œuvres classiques d’auteurs polonais, aussi célèbres que Chopin, mais de les présenter sous un nouveau visage ; celui de la conception même et de la vision de ces deux virtuoses de talent. La liberté du jeu s’imposait et criait sa présence, en toute douceur dans le silence d’une nuit sur la colline de Byrsa et dans ce cadre merveilleux, sinon majestueux qu’est l’Acropolium, l’ancienne Cathédrale Saint-Louis. Dans ce temple de la musique, pour ainsi le nommer, l’harmonie dialoguait avec la polyphonie et avec l’improvisation et le jeu subtil et raffiné de la violoniste et de la pianiste. Ces deux grandes dames ont imposé le respect et le silence et ont donné libre court Í leur imagination et Í leur amour de la musique, tout simplement. Les sons surprenaient, parfois et admirablement, quand il s’agissait d’œuvres-standards. Le voyage, en improvisations et en chant mutuel des deux instruments séduisait et emportait vers des lieux lointains. Le « Nocturne en ré bémol majeur Op.27 n°2 » de Frédéric Chopin, par exemple, était joué au violon et au piano. Une nouvelle vision qui aurait plu aujourd’hui Í l’auteur planétaire. Le rappel était inévitable et le public en redemandait encore. On ne pouvait mieux que leur offrir deux bouquets de fleurs, symboles de la joie de vivre et de l’amitié et de l’amour de la musique en partage.
B.L.