Première de « Hourya » de Leͯla Toubel et Mehdi Trabelsi : Chronique désabusée d’un quotidien morose

Le tout-Tunis de la culture, de la politique et des médias était au rendez-vous et en grand nombre en cette soirée du 25février Í  El Teatro pou

Première de « Hourya » de Leͯla Toubel et Mehdi Trabelsi : Chronique désabusée d’un quotidien morose

Le tout-Tunis de la culture, de la politique et des médias était au rendez-vous et en grand nombre en cette soirée du 25février à El Teatro pour voir « Hourya » le nouveau spectacle musico-théâtral de Leïla Toubel et Mehdi Trabelsi. Un véritable réquisitoire contre les abus des obscurantistes et des « amis » de la mort.

Avec ce spectacle, Leïla Toubel poursuit sa lutte menée auparavant avec la pièce « Solwen » contre ceux, qui, au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, voudraient changer l’image de la Tunisie, celle de l’amour et de la tolérance. Ils ont déjà causé beaucoup de tort au pays, mais Leïla Toubel fait toujours de la résistance, par le biais du théâtre et de la musique, cette fois-ci. La comédienne et metteur en scène innove cette fois-ci en faisant participer le compositeur et pianiste tuniso-français Mehdi Trabelsi. Une participation par le truchement de ses merveilleuses compositions qui constituent la musique de ce spectacle. Sur une scénographie de Sabri Atrous, Leïla Toubel, ou Hourya dans la pièce, se déplace et bouge sur scène pour jouer moult situations.

Elle raconte les dures réalités, l’horreur et la violence vécues par le pays. Et là, nous sommes au vif du théâtre de la narration qui est ici frontal. Le prénom de « Hourya » renvoie en effet, aux « Houryettes » du paradis, promises aux terroristes et particulièrement aux candidats qui se feront exploser ! La pièce commence d’ailleurs par une explosion qui détruit une radio privée : « Salam FM. » La paix ou la radio de la paix sont-elles détruites ? Hourya est une journaliste rescapée qui va dénoncer toutes les insolences, accompagnée par un pianiste de talent. Hourya a également une connotation avec la « Horriya », la liberté, en l’occurrence, que les esprits rétrogrades veulent voler et par tous les moyens diaboliques aux êtres humains libres. Les tableaux se suivent, se ressemblent, ou ne se ressemblent pas.

Le dégoût est à son paroxysme, même à travers le programme radiophonique intitulé « Love Story », une histoire d’amour bien particulière, celle plutôt d’un amour impossible. Leïla Toubel cligne de l’œil et parodie, d’un autre côté, des programmes télévisés insupportables de quelques chaînes privées. Et dans l’une de ses tirades Hourya s’adresse ainsi aux ennemis de la Tunisie : « Lapidez-moi, ainsi vous lapiderez toutes les femmes insolentes en moi…Lapidez en moi la beauté de la lumière…Lapidez en moi toutes les Houris…Lapidez-moi…Même morte, je vivrai d’amour et de paix. » Une pièce coup de poing qui ne laisse pas indifférent et qu’il faut absolument aller voir. Un cycle de représentations est prévu à El Teatro le 1, 2, 3, 4, 9, 10 et 11 mars 2017 à 19 heures 30.

B.L.