
Filiations entre l’espoir et la déception
La salle « Amilcar » Í El Manar 1, dirigée par Lilia Charfi, a organisé le 19 janvier une projection en séance spéciale des deux films tunisiens : « Action- Figuration », une fiction de 23 minutes de Bilel Bali et « 7 Vies », un documentaire de 56 minutes d’Amine Boufaied et Lilia Blaise. Ces deux films seront Í l’affiche de cette salle, dès cette semaine.
Dans ces deux films, la fiction et le documentaire se rejoignent et mieux encore, on y décèle des rapprochements entre les thèmes de ces deux œuvres cinématographiques, Í savoir l’espoir et le désespoir. Dans « Action-Figuration », le titre-même est provocateur dans la mesure o͹ le « moteur » est annoncé pour une scène de figuration ! Il s’agit de l’histoire de Faten, une jeune fille qui rêve de devenir une actrice, mais qui se limite Í la seule figuration dans des émissions de télé. Un rythme quotidien et infernal o͹ Faten doit compter la journée. Gardant toujours l’espoir, le miracle arrivera enfin pour elle. Elle jouera dans un spot sur le Sida et lÍ , l’action est vraiment pour elle. Ce premier pas vers la gloire ne sera qu’un grand désespoir, car sa famille, ses voisins et les gens dans la rue ont mal pris son rÍ´le. Ils avaient confondu la fiction avec la réalité !
Une sorte de « débilité » mentale, qu’on se le dise ! Qui existe malheureusement sous nos cieux, tellement les gens pensent au premier degré ! Faten demandera elle-même Í revenir Í sa situation initiale o͹ elle passe incognito. Le réalisateur Bilal Bali fait dans son second film un clin d’œil au premier « 1, 2,3… 5, 6, 7 » relatif Í la musique Salsa, avec la présence de la valse et de la Salsa aussi. Les prises de vue,
particulièrement en plans-séquences, suivent les rythmes et les mouvements d’un ballet au son d’une musique enivrante. L’héroͯne du film n’y pleure pas, car elle résiste toujours Í ses maux et Í ses antagonismes.
Dans « Sabaa aroueh » (7 Vies), c’est du culte de la personnalité cultivé par le président déchu Ben Ali durant vingt trois ans. Les réalisateurs Amine Boufaied et Lilia Blaise y réalisent une enquête sur ce phénomène politique et social qu’a vécu la Tunisie depuis l’ère de Bourguiba, en fait. Mais les motivations des réalisateurs, est la situation peu enviable que vit la Tunisie depuis la révolution o͹ bon nombre de citoyens nourrissent étrangement l’espoir de voir Ben Ali revenir !? Car la vie est devenue trop chère et les saletés des rues sont devenues le menu quotidien. Entre humour, nostalgie, sérieux, espoir et désespoir, le film se passe. Les flash-back n’y manquent pas pour illustrer les propos. Les anciens du RCD, le parti de Ben Ali, y répondent également aux questions des réalisateurs, mais aussi quelques témoins et victimes de son régime autoritaire et répressif. Un film qui tente d’analyser l’idée du retour ou du non-retour de la dictature et de Ben Ali. Un homme Í sept vies ?
B.L.