
Le rire sur fond de révolution
La pièce « Chérifa Afifa », mise en scène par Mounir Argui et interprétée par Manel Abdelkoui et Hanène Chograni a été jouée le 25 décembre au Théatre de la ville de Tunis devant un public assez nombreux.
Ce dernier voulait absolument voir Í l’œuvre ces deux comédiennes qu’il connaissait déjÍ Í travers le petit écran dans des feuilletons télévisés et des émissions de variété et de théatre. Ce n’était pas une pièce du genre classique. La vision du metteur en scène se faisait voir avant même le démarrage. Le rideau était déjÍ levé sur un décor d’une double barrière de police. Et quand ça allait démarrer, c’était plutÍ´t sur une danse en solo ou Í pas de deux endiablée et folle, histoire de mettre de l’ambiance dès le début. Le discours des deux femmes est direct ou raconte des faits par narration interposée. Elles se sont retrouvées dans un poste de police pour porter plainte contre le même homme (et sans qu’elles le sachent au début de la pièce) qui leur ait promis le mariage et n’avait pas tenu sa promesse.
Sur fond de faits réels que la Tunisie a vécu depuis la révolution, les détails de la pièce sont tissés et racontés. On y retrouve l’Assemblée constituante lÍ o͹ Chérifa et Afifa y vont pour obtenir gain de cause. Elles rencontreront des représentantes de partis aux antipodes des tendances et seront déçues. Leurs tribulations dans Tunis qui vit une effervescence due aux soulèvements et aux mouvements de protestations particulièrement Í la place de la Kasbah, deviennent leur menu quotidien. La pièce n’épargne personne parmi ceux qui ont essayé et réussi Í mener le pays dans la zizanie et le trouble, allant même jusqu’Í envoyer les jeunes filles pour des missions « délicates » en Syrie, ou pour faire du « business » au Bahrein. Les doléances des deux femmes sont une fenêtre ouverte sur des réalités amères qu’a vécu et vit encore le pays.
Car tout ne semble pas avoir changé complètement. Pourtant, une révolution a cette tache d’arriver Í changer l’état des choses. Les performances des deux actrices dans leur jeu respectif et qui ont lieu sur un rythme soutenu montre le travail du comédien. Manel Abdelkoui et Hanène Chograni se donnent Í fond pour jouer, danser, chanter et incarner plusieurs rÍ´les dont ceux masculins. Une pièce qui tient son spectateur, mais qui s’étale parfois dans des détails inutiles. La parlotte nous prend et nous entraÍ®ne jusqu’Í oublier qu’il s’agit de la même pièce ! Le coup de théatre arrive et tout rentre dans l’ordre, heureusement ! Une manière de priser le cÍ´té humain sur celui personnel.
B.L.