
Le jardin andalou
La troupe “Oud Art” a donné hier un concert de musique andalouse et arabe au Théatre de la ville de Tunis Les absents avaient tort, dans la mesure o͹ ce fabuleux spectacle qui a été organisé par khaled Nafti valait le déplacement, en cette fin d’après-midi de dimanche.
En effet, le public présent ne dépassait pas les cent et quelques personnes. Un constat désolant que l’un des membres du groupe avait tenu Í rappeler au début de ce concert de musique instrumentale, de chant et de danse. Car le public donne encore plus d’énergie aux musiciens, a-t-il tenu Í rappeler. Il a ajouté que lui et ses amis continueront Í jouer malgré les menaces qui pèsent sur le pays et sur l’expression artistique en général. L’occasion était offerte pour la découverte d’un ensemble de jeunes musiciens, compositeurs et interprètes talentueux, dont la musique ne jouit pas malheureusement d’une large diffusion. Il est vrai que la musique instrumentale reste élitiste sous nos cieux, ce qui a fait que le petit public du théatre municipal était mélomane, donc celui-lÍ même qui aime écouter, apprécier, ou déprécier.
Il y avait, en plus, une atmosphère bon enfant entre amis et membres de familles. Une vraie « Lamma », en quelque sorte, qu’on pourrait traduire par (Rencontre.) Les luthistes Montassar Berrejeb et Marouène Akrout, étaient accompagnés par Jihed, Í la guitare et d’un percussionniste. La danse n’était pas en reste. Elle s’invitait au milieu des musiciens qui jouaient Í l’avant-scène avec un rideau fermé. Bien que ce spectacle soit réduit au niveau du nombre d’artistes participants, il aurait fallu prévoir de le jouer sur scène, rideau ouvert, pour que chacun puisse y trouver son compte. L’ouverture était une introduction sur une musique turque en off, qu’un danseur suivait en mouvements lents, tout en traversant et presque discrètement la scène.
Puis le spectacle démarrait avec des improvisations et des jeux au luth que les deux « Oudistes » offraient Í l’assistance. Ils avaient même joué des œuvres de leur composition comme : « El Mourouj », « Nafass » et « Dans les yeux de Caroline. » Ces artistes n’avaient de prétention que de rendre hommage Í la musique instrumentale et Í mettre en valeur la qualité et la beauté du jeu au luth. Et dans cet ordre d’idées, un hommage au luthiste et compositeur tunisien feu Ahmed Kalai a été rendu avec une « Lounga» qu’il avait composée. Un danseur professionnel a également excellé dans son jeu scénique sur des œuvres aux tonalités espagnoles. Son accoutrement suggérait le flamenco aux couleurs rouge et noir et distinctives espagnoles. Ce même danseur a accompagné ensuite les chansons de l’invitée d’honneur du spectacle.
Cette dernière n’était autre que Meherzia Touil qui a déjÍ donné ses preuves lors de concerts de la Rachidia, en compagnie de Zied Gharsa. Cette chanteuse dispose d’une voix exceptionnelle qui maÍ®trise son art et qui est capable de chanter merveilleusement et d’improviser avec une aisance Í fleur de peau, sans tomber dans la dissonance. Elle reste encore méconnue du grand public, bien qu’ayant enregistré des chansons Í la radio nationale et qui ont été créés pour elle ! Entre la chanson orientale, avec une belle chanson palestinienne et des chansons tunisiennes de Fethia Khairi : « Mahla layali Ichbilya » et surtout : »Yalli dhalemni » d’Ali Riahi, notre chanteuse Í la voix veloutée, a interprété avec une grande aisance avec des improvisations sans pareilles, pour y revenir.
Un spectacle a mis en relief la beauté de la musique arabo-andalouse. Toutefois, nous aurions aimé que les Mouachahats et le Malouf, en soient de la partie ! Mais ce spectacle marquait-il une fusion entre plusieurs musiques : arabe, andalouse, turque et tunisienne.
B.L.